Jubal (Glenn Ford) est recueilli à moitié mort parShep (Borgnine), un moyen propriétaire du Wyoming qui se prend d'amitié pour lui et en fait son second. Pinky (Steiger), un autre homme de Shep ne l'accepte pas et insinue que Jubal a couché avec la femme de Shep, Mae (Valerie French), qui, parce que ses avances ont été refusées, ne dissipe pas le doute. Jubal tue Shep en état de légitime défense, mais Pinky convoque un posse et mène la chasse à l'homme, après avoir battu Mae. Shep retourne auprès de Mae, qui l'innocente avant de mourir. Jubal part avec la fille d'un groupe d'évangélistes pacifistes à la recherche de la terre promise (L'Idaho ?).
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Pour moi, c'est là que se situe l'âge d'or du western. J'ai toujours du mal à situer Daves, dont je trouve le style moins facile à identifier que celui de Brooks, par exemple. Mais je dis chapeau bas.
D'abord, pour les extérieurs du Wyoming, magnifiques de bout en bout. On est dans de la couleur pas criarde, juste ce qu'il faut, avec un des grands photographes du western classique, Charles Laughton Jr.
Ensuite pour le scénario, simple mais solide, qui rejoue Othello en le portant dans la réalité rustique et crue du western. On évite la psychologie à outrance (quoi que je puisse lire ailleurs) pour jouer plutôt sur les situations, les tirades que les personnages vont tenter. Il faut chercher les sources d'inspiration du côté de Shakespeare, mais aussi de la Bible, dont est tiré le nom de Jubal, mais aussi l'histoire du gars qui repousse les avances de la femme du patron et se fait du coup accuser (remember Joseph, l'Ancien Testament ?). La scène centrale, où Jubal découvre en s'ouvrant à la jeune-fille-prétexte-à-happy-ending (mon seul bémol) pourquoi il n'a cessé de fuir (sa mère l'accuse de la mort de son père), n'est pas à mon sens une ode à la psychanalyse, mais simplement une scène poignante, où l'on saisit la profondeur des blessures du personnage et son besoin de sécurité. Les scènes sentimentales sont bien menées, même si le traitement de Mae en femme tentatrice a parfois un petit quelque chose de puritain (son invite de derrière un poteau, référence à Eve près de l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal).
Enfin pour l'interprétation, et je ne trouve pas les mots pour dire à quel point le casting est réussi. Steiger est parfait dans son rôle de méchant veule, manipulateur de foule. Ford déborde de virilité minée par l'autodestruction, avec cette pesanteur et cette violence coriace propre aux fifties : je retrouve de l'énergie rude de Tracy dans "Un homme est passé". Décidément, dans cette décennie, on savait jouer les conflits de manière simple, évocatrice et intense.
La musique est celle de l'âge d'or d'Hollywood, si vous me demandez.
Jubal est un de ces westerns au grand air réaliste et cru, avec une trame dramatique simple mais forte, qui vous donnent envie de tout plaquer pour partir sur un cheval.