"Suspendu par la mâchoire, j'avais envie de rire"

Bebel court après sa chérie entre Paris, Rio et la jungle amazonienne. Il vole, il saute, il escalade, il rampe, il nage, distribue les gnons et sort quelques tirades bas du front lors de situations cocasses et faciles qui s'enchaînent à toute vitesse.

C'est répétitif, certainement long, un peu absurde parfois, pour ne pas dire souvent bête.

Et pourtant, il se dégage du jeu tout élastique de Belmondo et de sa bouille insolente, du texte en mitraillette, aussi goguenard que poétique, de Rappeneau et de la mise en scène si dynamique et souple de De Broca qu'elle semble bien n'avoir que faire de rien et avancer tête baissée, une grâce réelle, celle des sublimes plans d'un Brésil coloré et moderne à l'architecture géométrique comme toute droit et fraîchement sortie de terre, et une candeur certaines toute incarnée par Françoise Dorléac, dont on tombe instantanément amoureux, et la musique aussi parodique que superbe de Delerue.

Tout ceci fait de L'homme de Rio un divertissement populaire et coloré, un Tintin live, culte s'il en est, aussi courageux que risible, aussi lassant qu'émouvant, aussi délicieusement désuet qu'horripilant dans l'accumulation de ses péripéties qui l'étire jusqu'à une durée injustifiée.
Mais un film qu'on se plaira pourtant à voir comme un plaisir (pas trop) coupable, en se croyant sans doute l'enfant de cette époque qu'on n'aura pas connue.