La petite musique de L'homme fidèle nous semble familière dès les premiers instants, notamment avec cette voix off qui vient commenter les états d'âme de son héros. Des voix off, il y en a même trois dans le film de Louis Garrel, qui emprunte les voies souvent trop évidentes du triangle amoureux. Le dispositif rappelle nécessairement la Nouvelle Vague d'autant que c'est principalement du cinéma en "chambre" où les dialogues tiennent la première place. Est-ce l'apport du grand Jean-Claude Carrière, toujours est-il que le deuxième long-métrage du ténébreux décoiffé se révèle bien plus abouti que son premier essai, Les deux amis. Il y a une touche de burlesque qui fait mouche et aussi un gamin, excellent d'ailleurs, qui vient mettre son grain de sel dans une histoire qui aurait pu tourner en rond (dans un triangle, ce serait le comble). On se laisse volontiers faire par le marivaudage de L'homme fidèle, avec ses petits coups de théâtre, ravi que le réalisateur-acteur se fasse élégamment manipuler par deux jolies femmes, avec son visage d'amant consterné, dès que l'une d'entre elles le fait plier. selon sa volonté. Si Lily-Rose Depp est encore un peu tendre, du point de vue du jeu, ce n'est pas du tout le cas de Laetitia Casta que l'on n'avait que rarement vue aussi épanouie et solide dans son rôle. Ajoutons le fait que Garrel ne prétend en aucun cas viser les sommets cinématographiques et montre une certaine humilité dans son propos jusqu'à avoir la politesse de ne pas s'attarder au-delà d'une et quart de projection. On ressort de ce moment espiègle et charmeur avec un certain contentement. Pas plus, mais pas moins.