André Téchiné, c'est rarement enthousiasmant, mais c'est souvent intéressant et plutôt bien réalisé. C'est exactement le cas de « L'Homme qu'on aimait trop », inspiré de l'affaire Le Roux - Agnelet ayant défrayé la chronique à partir des années 70. Le traitement est assez subtil, la démonstration bien faite, le cinéaste n'oubliant pas d'apporter la nuance et le recul nécessaire pour rendre tous les personnages un minimum intéressants et complexes, sans jamais les idéaliser (ni les charger d'ailleurs). Cela donne de bons moments, le scénario et les dialogues étant suffisamment écrits pour que cela fonctionne.
Côté casting, si Guillaume Canet ne s'en sort pas mal, c'est surtout Catherine Deneuve dans un rôle sur mesure et Adèle Haenel qui séduisent, la beauté étrange et le jeu si singulier de cette dernière apportant un petit supplément de mystère à une histoire déjà relativement intéressante (malgré son côté très grand-bourgeois). Dommage que le dernier quart s'embourbe dans des scènes de procès lourdaudes et bavardes assez peu dans le ton du film, venant dissiper le mystère qui faisait jusque-là sa force, nous laissant ainsi sur une note plus mitigée. Du bon cinéma donc, juste légèrement terni par son dénouement : pas un film que l'on aime trop, plutôt assez bien.