Après "La fille du RER", André Téchiné s'intéresse à nouveau à un fait divers ayant défrayé la chronique, l'affaire Agnès Le Roux, victime supposée de l'ancien avocat de sa mère, le mystérieux Maurice Agnelet.
Disons le tout net, même si "L'homme qu'on aimait trop" s'appuie sur le livre de Renée Le Roux, la mère souffrant de ce deuil impossible, la volonté de Téchiné de vouloir rester neutre a pour conséquence de rendre le film trop illustratif, manquant de chair et d'émotion.
"L'homme qu'on aimait trop" s'apparente à une reconstitution des faits (à l'exception de quelques scènes romancées, extérieures à la question de la culpabilité), fort élégamment réalisée, sublimée par une interprétation convaincante, en particulier de la part d'Adèle Haenel, poignante dans son rôle de jeune femme fragile et passionnée, faussement indépendante.
Mais Téchiné ne transcende pas vraiment son matériau, laissant de côté quelques pistes excitantes, dans ce décor romanesque de french riviera décadente, gangrenée par la mafia sicilienne et les politiques corrompus. Le Palais de la Méditerranée, ce vaisseau amiral jadis flamboyant, dont le naufrage se précise chaque semaine, est finalement peu exploité comme cadre des passions humaines, en dépit de son potentiel cinématographique.
Précisons que j'étais sans doute trop documenté sur cette affaire Agnelet pour que le film puisse complètement combler mes attentes. Au final, "L'homme qu'on aimait trop" ne manque pas de qualités, mais dans un registre sage et académique.