Hitchcock, en 1934, n'est pas encore le maître du suspense qu'il deviendra par la suite ; il cherche et tâtonne sur un scénario signé par cinq noms. La fille des gentils sera-t-elle arrachée des griffes des méchants ? Le spectateur reste à distance; il n'est pas lui-même pris dans le drame puisque les parents affichent un flegme tellement imperturbable, souriant d'à peu près de tout ce qu'il leur arrive de déplaisant, qu'il n'y a pas de raison de frisonner d'inquiétude. Les larmes de la mère pendant le concert en sont presque surprenantes compte tenu du sang froid montré en toutes circonstances par cette jolie petite blonde qui excelle principalement dans le maniement du fusil. À moins de voir pour la première fois un film de Sir Alfred, le regard porté sur cette réalisation est bien sûr déformé par la réputation de l'ensemble de l'œuvre, et en particulier par le remake de 1956. Cette première version contient pourtant déjà la maîtrise du chaud et froid qui est la signature du maître avec la grande scène de l'Albert Hall presqu'identique. Somme toute, ce n'est pas si mal.