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     Ce n’est qu’en découvrant le documentaire Lost in la mancha réalisé par Keith Fulton et Louis Pepe que je m’informai sur la terrible malédiction que subissait ce film. Terry Gilliam rêvait depuis longtemps de réaliser une adaptation du Don Quichotte de Cervantès ; son premier tournage réunissait un beau casting : Jean Rochefort, Johnny Depp, Vanessa Paradis… Le tournage fut un désastre et ce n’est que 18 ans plus tard que le film vit le jour, au bonheur de bien des spectateurs. 
Le Don Quichotte original raconte l’histoire d’un pauvre vieil homme, passionné d’histoires de chevalerie. Un beau jour, il décide d’incarner Don Quichotte accompagné de son écuyer Sancho, et parcourt l’Espagne, luttant contre le mal. Il imagine alors ses actes incroyables comme défier des géants, leurs énormes bras n’étant en réalité que les ailes d’un pauvre moulin. Mais The man who killed Don Quixote n’est pas une simple adaptation. Il mêle l’histoire de Don Quichotte à l’histoire de Toby, jeune réalisateur. Alors qu’il manque d’idées en plein tournage, il retombe sur la copie d’un de ses films d’étudiants, adaptation de Don Quichotte, et se replonge dans ses souvenirs. Cela va le mener vers le village de l’ancien tournage, bouleversé depuis, où il retrouve le vieil homme jouant le Don, toujours dans le peau de son personnage. Il va alors être plongé dans l’histoire même du Don Quichotte, réécrit par ses propres mots, poussé à interpréter le rôle de Sancho sous la menace de l’épée du vieil homme qui ne le voit que comme son écuyer. S’ensuivent alors des aventures où Toby oscille entre la réalité et les délires du vieil homme, se perdant lui-même entre les deux mondes.
Le film en lui-même évolue dans des décors majestueux représentant le côté aride de l’Espagne. Il nous plonge dans une société médiévale, mêlé à de forts anachronismes qui permettent de faire le lien entre la réalité et le rêve. On suit le parcours de Toby, joué par Adam Driver. Même si j’ai eu du mal à rentrer dans son personnage et à comprendre ses motivations, la suite du film permet de rentrer dans l’esprit du réalisateur et de le voir sous un autre angle. Le film semble réellement commencer lorsque Jonathan Pryce entre en scène, possédé par le personnage de Don Quichotte. De l’histoire d’un réalisateur perdu, nous entrons dans le monde merveilleux du vieil homme qui nous rappelle pourquoi on avait hâte de rencontrer le Don Quichotte de Gilliam. Il ne faut pas oublier l’humour qui permet au film de ne pas tomber dans une atmosphère dramatique étouffante. Les anachronismes, le double personnage Toby/Sancho et les nombreuses chutes accompagnent la double intrigue avec succès, et rendent le film plus léger. Le scénario semble tout de même mal ficelé, le spectateur se perd entre les deux intrigues, les personnages évoluant entre des costumes actuels et médiévaux.
Mais finalement, ce film parle aussi du monde merveilleux du cinéma. Le scénario nous plonge au cœur de l’esprit de Toby, on comprend de plus en plus son personnage, et on finit par voir le réalisateur Gilliam même. On retrouve sa passion à l’état pure pour le cinéma sous le film étudiant de Toby, et on réalise la manière dont il a dû se battre pour son film, étant incompris par le reste de son équipe. Ce film retrace le parcours de l’interprétation de Don Quichotte, on retrouve quelques blagues sur des tournages catastrophiques faisant directement référence au premier essai de Gilliam. La passion de Don Quichotte est confrontée à la réalité pénible et on voit Toby faire un choix significatif. On ressent cette passion ardente, qui n’est pas provoquée par une histoire d’amour alimentant le tout, mais que l’on ressent dans les yeux du Don. Ce film n’a fait que renforcé mon amour du cinéma et mon envie de me plonger au cœur de sa création. La passion est interprétée brillamment par Jonathan Pryce mais elle naît avant tout dans l’âme du réalisateur, soucieux de recréer ce personnage brillant de la littérature. Terry Gilliam est Don Quichotte, il crée un monde rempli de rêves où les spectateurs peuvent se perdre facilement au mépris de la réalité. Ce n’est plus l’histoire de L’homme qui tua Don Quichotte, mais celle de l’homme qui le fit vivre.
alifigz
6
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le 16 juin 2020

Critique lue 88 fois

alifigz

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