On est dans l'ouest, lorsque la légende dépasse la réalité, on imprime la légende.
Le chef d'œuvre de John Ford et un film en forme de regard posé sur un genre entier (le western) voire même sur l'histoire des Etats-Unis. Chaque personnage représentant un archétype du western et symbolisant un pan de l'histoire américaine (on peut y retrouver une analyse philosphico-politique de l'émergence de la nation US). A l'origine, le truand sans foi ni loi (symbolisant l'état de chaos dominé par la force), ensuite arrivée du juriste, plein de promesses de libertés, (symbolisant l'émergence d'un état de droit et du libéralisme) mais le second ne parvient à s'imposer que par un travestissement de la réalité : pour arriver là où il est, il aura eu besoin de l'aide d'un tiers et de trahir certains de ses idéaux, ce tiers et cette victime, le cow-boy désabusé où tous ces bâtisseurs de l'ombre, oubliés par l'histoire et la justice (Ford a filmé le débarquement en Normandie, était présent en Corée, à dénoncé la chasse aux sorcières maccarthiste). Dans ce film qui sera un des tous derniers de Ford, celui-ci présente tant la réalité que la légende, et si pour l'ouest, le choix a été fait (le genre (western), comme la nation se sont construit autour de mythes), c'est à nous qu'il nous appartient aujourd'hui de faire un choix différent (le héros du film n'est-il pas d'ailleurs différent du héros de l'histoire du film ?).
Les acteurs sont excellents : Stewart (en même temps, quand Jimmy n'est-il pas exceptionnel ?), Marvin et enfin Wayne que je n'ai jamais particulièrement aimé mais qui ici est inoubliable. La réalisation est tout simplement superbe (et pour l'occasion moins tournée vers la célébration de la magnificence des grands espaces américains, l'action étant concentrée dans des lieux plus clos).