Il est rare de voir des films d'aventures sans y ressentir une certaine superficialité. On peut prendre pour exemple les Indiana Jones, qui nous ont certes fait rêver, mais qui ont beaucoup de peine aujourd'hui à ne pas laisser apparaître leurs ficelles. C'est parce que le film justifiait son existence pour le divertissement du plus grand nombre possible en offrant du grand spectacle. Cela dit, ça a marché et je ne lui jette pas la pierre ; j'ai toujours aimé mon héros au chapeau et lasso.
L'homme qui voulut être roi veut plaire, comme tout film, mais pas par les cordes du grand spectacle. Huston nous offre du touchant ; de l'humanité au travers de Daniel Dravot et Peachy Carnehan, deux personnages complémentaires à l'amitié élégamment sobre mais efficace. Pas besoin de s'encombrer d'effets qui vieillissent mal, ni de décors qui finiront fatalement par sonner faux, Huston a bien fait les choses car pour un film d'aventure, c'est quand même très calme et posé. Et ça m'en réjouit car le résultat n'en est que meilleur aujourd'hui, alors qu'en comparaison, notre pauvre Indiana est sérieusement de moins en moins regardable.
Autre phénomène qui fait mouche, c'est le cadre, c'est le jeu de l'époque coloniale. Evidemment, tout commence par les Indes, colonie Anglaise, ou deux roublards sûrs d'eux-mêmes décident de tenter le jackpot. Les films, comme la littérature, ont souvent utilisé les échanges de rôles pour donner un aspect comique. Je prend pour exemple le dictateur de Chaplin, ou encore l'excellent Kagemusha que j'ai vu dernièrement (en littérature on peut repartir loin avec Tristan et Iseult, où il semblerait que ça faisait bien marrer les gens de voir Tristan se faire passer pour un cinglé). Aujourd'hui, on en use et abuse toujours avec des catcheurs qu'on déguise en fée, ou Vin diesel en baby-sitter.
Parenthèse close, l'homme qui voulut être roi propose encore plus que ça puisqu'il exécute un magnifique triplé :
1. l'utilisation de ce gros rustre de Daniel Dravot en Dieu est drôle. Vraiment drôle. Il n'y a qu'à se délecter des mimiques de Sean Connery qui s'y prend à merveille.
2. L'utilisation de la naïveté de tout un peuple qui s'émerveille de se faire berner par deux sombres vermines ; si on est un minimumn cynique, on rit.
3. Et surtout retrouver ces deux hommes blancs tenter de protéger leur "mythe" à grand coup de voix graves, de plans scabreux, de costumes m'as-tu-vu... On ne peut s'empêcher de repenser aux empires coloniaux, et cela jusqu'à la bête idée de Dravot de se sentir indispensable, pendant que l'autre garde son esprit mercantile. Les deux font finalement erreur et vont s'en mordre les doigts.
J'ai eu le malheur de visionner le film un soir de grande fatigue, et j'avoue m'être assoupi durant un instant. Mais une fois les yeux réouverts et découvrant les deux héros dans les somptueux décors, je n'ai plus pu les fermer. Et pourtant, c'est pas le sommeil qui manquait.