Laissez moi vous compter une histoire, une histoire pas comme les autres et qui commença par un livre d'un conteur intemporel pour se terminer par un récit sorti en 1975.
Son titre ? L'homme qui voulut être roi qui avec son synopsis de départ a tout pour remplir vous émerveiller, écoutez plutôt ça. Deux camarades de fortune ambitieux et avides de richesse souhaitent entrer au Kafiristan, terre de légende au passif historique qui ferait pâlir de jalousie Indiana Jones.
Je sais pas vous mais à la lecture de ces quelques lignes, je me dis, Messieurs, vous avez eu ma curiosité, maintenant vous avez toute mon attention.
Reste à savoir qui sera derrière la caméra pour nous entraîner dans ce récit emprunt de magie ? Pas un petit nouveau décidait à tenter un coup d'éclat mais plutôt un vieux de la veille qui sait narrer de grandes histoires, ce n'est pas Humphrey Bogart et sa quête du trésor de la Sierra Madre qui dira le contraire.
John Huston donc, réalisateur d'expérience et de talent a cette histoire en tête depuis une vingtaines d'années maintenant, depuis qu'il est tombé sur le roman de Kipling.
Pour jouer ces deux rêveurs, il a pensé à une longue série de binômes qui pour cause de décès ou de refus ne vu jamais le jour, Bogart et Clark Gable, Robert Mitchum et Gable, Kirk Doublas et Burt Lancaster, Richard Burton et Peter O'Toole, ou encore le duo mythique Paul Newman et Robert Redford. Finalement, il proposa enfin le film à deux acteurs Britanniques ( pratique pour jouer des anglais, l'accent tout ça...) à deux acteurs qui feront beaucoup dans la légende du film, Michael Fucking Caine et Sean Fucking Connery.
Fun Fact ils ont comme point commun d'avoir tous les deux joué un espion dans les années 60, évidemment je ne présente plus Harry Palmer que tout le monde connait, mais vous pouvez vous intéresser au méconnu James Bond et ces quelques 25 films qui trainent sur plusieurs décennies.
Fun Fact 2 Lors de cette période espionnage, ils ont tous les deux été dirigés par Guy Hamilton, l'un pour le cultissime Funeral in Berlin, seconde apparition d'Harry Palmer à l'écran et l'autre pour le discret Goldfinger, troisième film mettant en avant James Bond.
Mais assez de digression, nous avons une trame, un réalisateur et des acteurs, puis un directeur de la photographie fidèle de Huston et Oscarisé, alors let's go !!
L'homme qui voulut être roi n'est pas un film qui utilise l'aventure comme prétexte pour dévier dans une autre direction, c'est l'aventure elle même qui reçoit le film de plein fouet pour y retrouver ses lettres de noblesses. Décors somptueux sous fond de tragi-comédie, rythme effréné, dialogues savoureux, rebondissement, pouvoir, princesse, trahison, folie, richesse, tous les ingrédients et encore un peu plus son réunis dans une énorme marmite tenue d'une main de maitre par Huston pour le plus grand plaisir du spectateur littéralement absorbé dans cette contrée méconnue.
Tenus à l'écran par des Caine et Connery absolument parfaits, avec en bonus une complicité palpable transpirant à travers chaque plans, décident d"improviser chaque soir des séquences pour apporter un poids supplémentaire au drame et à la comédie et bordel ça fonctionne.
Le risque quand on se nourrit d'un projet qui nous fait rêver des années durant, c'est de nager à contre courant après avoir idéalisé chaque plan, chaque dialogue sans y retrouver l'intensité imaginé. Malgré les galères rencontrées pour ce tournage, locaux méfiants, corruptions ambiante, climat de guerre, Huston s'offre une aventure grandiose, dantesque sous le fond et la forme en ne trahissant jamais son support d'origine tout en développant davantage encore les idées développées.
Au final, le nostalgique de Corto Maltese, Tintin ou Blake et Mortimer va pouvoir se plonger ici dans l'aventure d'une vie, David Bowie rêvait d'être un Roi, et il le sera toujours pour moi, mais Huston accompagné par son binôme génial relève un défi incroyable avec cette fable unique entre fantastique et historique, la classe.