John Huston en est au crépuscule de sa carrière lorsqu'il met en scène L'Honneur des Prizzi, adaptation du livre de Richard Condon, où il évoque un coup de foudre par un mafieux pour une femme mystérieuse, qui l'emmènera dans toutes sortes de péripéties.
Il revient vers le film noir, là où il a tant brillé par le passé, et propose sa vision de la mafia italienne notamment guidée par le ridicule, s'opposant à la vision tragique de Francis Ford Coppola avec son Parrain. Huston préfère en rire, et cela se ressent dès les premières minutes du film, il se moque du fameux code d'honneur et flirte souvent avec la parodie, mais propose finalement une oeuvre assez intéressante, non sans défauts mais tout de même assez drôle et acide.
La réussite de L'Honneur des Prizzi tient avant tout dans ses personnages avec une galerie haute en couleur, notamment une surprenante Angélica Huston (qui recevra un oscar pour ce rôle, comme Waler Huston dans un film de John 40 ans auparavant), un mémorable William Hickey et bien évidemment le couple principal, où Nicholson et Kathleen Turner font merveille en parodie de gangsters. Le quotidien de ces gangsters vu par le metteur en scène de Le Piège est vraiment agréable à suivre, les faisant passer pour des beaufs capables de meurtres de sang-froid, le tout dans une intrigue parfois alambiquée mais plutôt bien foutue.
Néanmoins la subtilité n'est pas toujours de mise et John Huston se perd parfois dans son scénario, ne parvenant pas toujours à le sublimer tandis que certaines séquences se révèlent un peu trop bavardes. Rien de très préjudiciable non plus tant tout ce monde semble prendre plaisir à jouer, à tel point que ça en devienne communicatif. L'oeuvre est parfois assez drôle, plusieurs situations sont bien écrites et Huston amène brillamment le savoureux final tout en tenant tout de même un minimum de suspense de bout en bout.
Alors qu'il rejoindra trois ans plus tard son père Walter ainsi que son fidèle acolyte Boggie, John Huston propose avec L'Honneur des Prizzi un avant-dernier film plutôt réussi et surtout assez drôle, où il se moque de la mafia avec un certain savoir-faire et de remarquables comédiens.
Il livrera avec Gens de Dublin un dernier et très grand film deux ans plus tard, une immense oeuvre teintée de mélancolie qui lui permet de magistralement conclure sa si belle filmographie.
Enfin je finis la filmographie de John Huston, immense metteur en scène qui m'aura marqué à de nombreuses reprises et dont les rares décevants (majoritairement ancré dans les années 1980 d'ailleurs) ne représentent rien face à tant d'immenses œuvres qu'il a mises en scène. Capable de s'attaquer à tous les genres, je ne me lasse pas de son cinéma et sa relation avec Bogart ainsi que quelques thèmes récurrents notamment autour de la nature humaine, de l'échec ou encore de l'aventure m'ont marqué.
Mon expérience avec le cinéma de John Huston : https://www.senscritique.com/liste/De_boxeur_a_realisateur_John_Huston/447973