« L’horloge » est le premier film essentiellement dramatique de Vincente Minnelli. Sous la forme d’une romance plus ou moins mélodramatique, le scénario parle essentiellement de l’amour (le rêve) et du temps (la réalité). Joe, militaire débarquant à New York le temps d’une permission se trouve au milieu d’une ruche dont il n’a pas le rythme ni la fréquence. Mais la course s’arrêtera le temps d’une rencontre, celle de l’amour et de la femme de sa vie. Robert Walker et Judy Garland, prématurément disparus (lui à 33 ans, elle à 47), forment ce couple improbable, face au temps, à la room mate de « bon » conseil, à la foule aussi indomptable que l’eau et à l’administration évidemment tatillonne. Mais aussi des moments de bonheur inattendus avec le laitier (James Gleason), de la tournée qui cimente leur amour, jusqu’au dîner charmant de simplicité, avec ce couple de braves gens qui semble échappé d’un film de John Ford. D’autres moments sont déchirants comme les sanglots de Judy Garland qui prend conscience que la course a massacré son mariage, ou l’apaisement dans l’église, ou encore ce final merveilleux d’optimisme et de puissance, malgré le déchirement. L’horloge sera le lien du rêve avec la réalité. Point de naissance, de retrouvaille et de séparation, il est le début de la progression du rêve de l’un vers l’autre, tout en restant la mesure du mouvement qui se déroule. Première escapade hors de la comédie pour le cinéaste dont la mise en scène et la direction d’acteur font merveille, mais aussi pour Judy Garland, lumineuse, touchante et pleine de sensibilité, démontrant quelle immense star elle était. Sans chanter la moindre note.