Michel Descombes(Philippe Noiret) est horloger à Lyon. Un matin 2 policiers arrivent dans son atelier et le questionnent sur son fils. Ils lui annoncent que sa camionnette a été retrouvée. Arrivé sur place le commissaire Guilboud(Jean Rochefort) lui annonce que son fils a tué un homme...
En 1974, Bertrand Tavernier n'avait réalisé que 2 courts-métrages mais était connu dans le milieu du cinéma pour avoir été l'attaché de presse de nombreux réalisateurs dont Stanley Kubrick mais également critique.
C'est en 1972 qu'il écrivit une ébauche d'une trentaine de pages de "L'horloger de Saint Paul" . Il l'envoya à Philippe Noiret qui accepta d'emblée. Pendant 2 ans Tavernier a du se battre pour trouver un financement et à chaque fois Noiret l'accompagna(Tavernier le raconte dans un bonus du dvd). Et c'est comme cela qu'ils sont devenus amis et qu'il deviendra son alter égo...
C'est l'adaptation d'un roman de Simenon "L'horloger d' Everton". Bertrand Tavernier décide de transposer l'action à Lyon, la ville où il est né ce qui montre que son film est personnel.
Pour le scénario il a fait appel à Jean Aurenche, grand scénariste qui a travaillé avec des réalisateurs tel que René Clément, Claude Autant-Lara, Marcel Carné, Jean Delannoy etc...Tavernier et Aurenche devinrent amis et travaillèrent plusieurs fois ensemble notamment sur "Que la fête commence" et "Coup de torchon".
Dans les rôles secondaires on retrouve Christine Pascal("Des enfants gâtés" est peut être son plus beau rôle) avec qui il deviendra également proche ce qui fait que dès son premier film on retrouve sa famille de cinéma !
Le film a beau être adapté d' un roman policier, on sent que ce n'est pas l'aspect qui intéresse le plus Tavernier. Il s'agit avant tout d'un long métrage sur les relations père/fils. Le personnage Michel Descombes est remarquablement écrit: on le voit évoluer tout au long du film. De paisible citoyen on le voit devenir révolté, un trait de caractère à Bertrand Tavernier. On le voit passer de la consternation à quasiment de la fierté envers l'acte de son fils(on apprend rapidement que le mort était un homme puissant et une "ordure" pour citer le personnage joué par Noiret). Et surtout on sent le fils et le père complice malgré les barreaux qui les séparent. Dans ce rôle Philippe Noiret est comme d'habitude remarquable. C'est aussi le portrait d'un homme solitaire ou qui le devient parce qu' au début on le voit avec 2-3 amis. Seul un d'entre eux va rester relativement proche de lui(Jacques Denis, excellent en meilleur ami).
Le film a également une dimension sociologique, voire politique puisque sont abordés en filigrane la peine de mort et les élections qui se préparent. Et une critique de la justice.
Parmi les scènes les plus marquantes du film on retrouve toutes celles entre Noiret et Rochefort(excellent dans le rôle du commissaire) avec une évolution intéressante dans leur rapport.
La mise en scène de Tavernier est fluide et précise. Il sait accélérer quand il le faut (voir une petite scène de poursuite qui se termine avec un sourire !).
Bertrand Tavernier s'impose dès son premier long métrage comme un très grand réalisateur à la fois populaire et estimé de la critique. Le film fit plus d'1 million d'entrées et a su devenir un classique du cinéma français . Et Bertrand Tavernier devint un de mes cinéastes français favoris !