Le principal intérêt de "L'Hôtel de la plage" réside aujourd'hui dans sa valeur sociologique : le film de Michel Lang constitue un échantillon représentatif des Français en vacances à la fin des années 70.
On n'est pas dans un milieu prolétaire, population qui s'adonne plutôt aux joies du camping, mais chez les Français de la classe moyenne, qui s'est enrichie tout au long des Trente Glorieuses, de sorte que le séjour annuel en famille dans un hôtel breton est devenu une tradition incontournable.
On y retrouve chaque été les mêmes visages, la plupart étant devenus des copains, dans une ambiance de détente à la bonne franquette. Chaque génération a ses habitudes, les adultes étant pour la plupart en quête d'une aventure (surtout les messieurs), tandis que les ados s'initient laborieusement aux plaisirs de la chair, et que les enfants découvrent eux aussi les élans du cœur...
Sorti de sa dimension testimoniale, et de la nostalgie douce-amère qui l'accompagne, le film n'est pas très bon : la mise en scène de Michel Lang, qui a connu le succès deux ans plus tôt avec son premier long ("A nous les petites Anglaises") s'avère laborieuse et approximative, et son scénario souffre des mêmes maux, ainsi que d'un trop grand nombre de personnages.
De même, l'interprétation apparaît très inégale, notamment de la part des jeunes comédiens livrés à eux-mêmes, parmi lesquels on reconnaît Anne Parillaud, Maryline Canto, ou encore le futur romancier Bruno de Stabenrath.
Les "anciens" s'en sortent un peu mieux, à l'image de Guy Marchand, Daniel Ceccaldi ou Myriam Boyer.
Le résultat n'est guère plus convaincant sur le plan formel, avec une photo très quelconque, et une musique variétoche signée Mort Schuman, en harmonie avec son époque et le public ciblé, mais qui fera saigner quelques oreilles parmi ceux qui découvriront le film tardivement.
Heureusement, "L'Hôtel de la plage" dispose aussi de quelques atouts, à commencer par ses décors naturels finistériens ; certains gags sont amusants et bien trouvés (la mamie oubliée sur la plage alors que la mer est montée), de même que certaines idées de mise en scène originales (le passage en mode comédie musicale).
Surtout, le film diffuse une atmosphère bienveillante, encore insouciante malgré la crise pétrolière, avec un esprit œcuménique "de 7 à 77 ans", qui expliquera son gros succès en salles (2,8 millions de spectateurs) et ses nombreuses rediffusions télé.