Beigbeder, ancien pubard et actuel patron du magazine de charme Lui, est un garçon paradoxal, dandy décadent qui se fantasme dans les hautes sphères en hippie révolutionnaire. Son nouveau film est à l'image de ses paradoxes.
A travers Gaspard Proust, qui incarne pour la seconde fois son double à l'écran (après l'épouvantable L'amour dure trois ans), il dresse au vitriol un tableau cynique de l'univers de la mode, comparant littéralement les publicitaires et faiseurs de tendances féminines aux Nazis, avant d'abandonner son personnage dans l'image non moins caricaturale d'un bonheur qui ressemble à la carte postale idéale du bobo qui ne quitterait Paris pour rien au monde mais se fantasme dans une cahute au bord d'un fleuve tranquille, sans plus de téléphone, un bébé dans les bras et un couple de lesbiennes sexy comme voisines.
Où comment critiquer les diktats de L'Oréal et compagnie pour vanter les mérites de la plénitude façon Caprice des Dieux, en n'oubliant pas de placer des plans montrant son journal, histoire de boucler la boucle d'une mise en abîme plus complaisante que féroce, plus bordélique qu'inspirée, plus naïve que subversive.