Kim Ki-duk pour son plus grand plaisir (et le notre ?) met en spectacle ses personnages qu’il affectionne tant, mêlant les comportements déviants d’une société coréenne qu’il aime égratigner. Un choc des cultures se révèle entre ces deux personnages, qui petit à petit, vont se montrer comme étant l’alter ego l’un de l’autre. Elle, représente la vie loin de tout, loin de la société dont les stigmates s’égrainent dans son comportement (asociale), lui, la vie citadine et son modernisme amenant dans ses bagages les stigmates d’une vie étouffée par le béton (le renfermement).
L’Île est une tragédie sur le désespoir, celle d’un amour qui naît entre deux autistes (Hee-jin restant figée dans son mutisme et Hyun-shik ne confessant pas son crime) qui s’aiment à travers d’actes déments. Une folie amoureuse où l’amour justement est chaque fois plus fort à mesure que les mutilations se font de plus en plus dans la douleur. Terrible est la façon dont ils ont de se dire : « je t’aime » : un langage du corps qui se met à la place de la parole, mêlant plaisir charnel passionné et pervers. Tout au long du film la mort plane au-dessus de leur tête, une mort lente qui coule tranquillement comme les flots.
Kim Ki-duk met en image des amants maudits comme rarement ils avaient été montrés au cinéma. Il fait preuve d’une grande qualité dans la mise en scène qui aux premiers abords parait tout bonnement sobre mais qui en réalité est bien plus que cela. Il montre un grand savoir-faire dans le cadrage ainsi que sur la fluidité du récit et des images. Et fait donc de l’Île, un film fascinant et fluide laissant aller la caméra comme les deux amants dans leur fuite en avant de l’amour éternel.
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