J'ai découvert Kim Ki-Duk il y a déjà deux ans et bien que ses films me plongent toujours dans des abîmes de perplexité et de malaise (excepté Locataires, le seul que j'ai réellement aimé), je m'acharne à les regarder.


Dans l'Île, j'ai retrouvé tout ce qui fait la patte du cinéaste et donc tout ce qui me met systématiquement mal à l'aise dans ses œuvres : l'amour implique toujours des rapports de violence, physiques comme psychologiques ; les mutilations sont les éclats de haine que le quasi-mutisme des personnages ne permet pas de faire entendre ; au moins un des personnages principaux est muet ou presque (Hee-Jin ne dit pas un mot de tout le film) et tout passe par une gestuelle, une mise en scène et une narration empreintes de cruauté, d'inquiétude et de danger ; la fin simule une ouverture possible tout en en déterminant les limites, voire en en indiquant l'inévitable résolution.
Il y a beaucoup de scènes de sexe et de violence physique crues, Kim Ki-Duk ne recule ni devant la nudité partielle et totale, ni devant le sang, les larmes, les déjections ou le crime. L'humour, bien présent, est quant à lui aussi dérangeant que le reste du film.


La seule façon qu'ont ses personnages de se rapprocher les uns des autres, c'est de se faire mal mutuellement, de s'approprier l'espace de l'autre et d'en écarter les importuns/importunes, d'installer un huis clos (les petites cabanes sur barques fournissent ici un décor idéal) qui contraste au maximum avec l'environnement ouvert et paisible du lac. Ce qui les rend peu attachants, mais leur confère une épaisseur et une force peu communes dans les films actuels. L'intérêt qu'on leur porte confine à la fascination morbide : jusqu'où iront-ils/elles ?
Les personnages secondaires ne sont pas mieux, la palme revenant au richard qui dépèce vivant un poisson pour en faire des sashimis, et qui le remet ensuite à l'eau, chair à vif et hameçon planté dans la bouche.


Cependant, j'ai eu du mal à comprendre où Kim Ki-Duk voulait en venir ici. J'ai surtout eu l'impression de regarder une tranche de vie, un drame local semblable à tant de faits divers. Certains plans longs, beaux mais accessoires et parfois à la signification obscure, m'ont paru enliser l'histoire et embourber le spectateur/la spectatrice.


Bref, une fois encore, je ne peux pas dire que j'ai aimé le film ; juste reconnaître qu'il vaut le détour et qu'il est bien foutu, avec un impact résiduel efficace.
Évitez de le regarder si vous êtes déjà tristes ou que les romances glauques vous dépriment ;)

Ahmes
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le 30 déc. 2015

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Ahmes

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