Un drôle de dispositif, pour ce documentaire qui se rapproche presque d'un film à la Klapisch. Les protagonistes sont en général d'un naturel confondant malgré la présence de la caméra. Ceux qui ne sont pas naturels ne le sont pas du tout du tout, par contre. Il s'agit pour Guillaume Brac de s'approcher au plus près du quotidien des gens qui fréquentent une base de loisirs en région parisienne, avec empathie et bienveillance, qu'ils soient ados sortis de leur cité, gardien de nuit au passé encombrant, responsable de la location des pédalos, serial dragueurs sympas mais pathétiques, jeunes gourgandines en mal d'émotions estivales, personnels de direction, etc. Au final, on ressort effectivement avec une assez bonne idée de la diversité brassée par ce lieu qui cristallise les activités humaines. Et un peu dérangés par l'opposition continue entre une plage presque sauvage et les grillages qui la ceinturent et la soustraient aux riverains, les portiques qu'il faut passer pour accéder au plaisir simple de la baignade, ou les rondes de nuit qui empêchent les resquilleurs de faire un dernier plongeon depuis le pont. Tout ce petit monde se voit imposer un ordre commercial et administratif qu'on contemple avec effarement quand on a la chance de pouvoir se baigner dans la rivière de son village tout à loisir et gratuitement. Évidemment, sans rampe de plastique bleue ni possibilité de chevaucher un drôle de skate soulevé par des jets d'eau sous pression... mais alors là, tant mieux, carrément. On se prend de compassion pour ces pauvres gens réduits à des contacts tarifés et réglementés avec la nature. Une famille afghane mesure néanmoins sa chance d'avoir pu échapper à une autre forme d'enfermement, autrement plus grave, mais même... la vie en région parisienne semble là bien absurde, et les dialogues éprouvants de vacuité de certains vacanciers, à la tchatche parfois bien horripilante, contribuent également à cette impression de naufrage, au milieu des cygnes et des roseaux.

Créée

le 7 oct. 2019

Critique lue 174 fois

3 j'aime

Critique lue 174 fois

3

D'autres avis sur L'Île au trésor

L'Île au trésor
Teklow13
8

Critique de L'Île au trésor par Teklow13

L’île de loisirs de Cergy-Pontoise est le cadre choisi et le territoire exploré par Guillaume Brac pour ses deux nouveaux films. Une fiction, Contes de Juillet qui sort à la fin du mois, et donc...

le 6 juil. 2018

15 j'aime

6

L'Île au trésor
Moizi
8

Un p'tit coin d'paradis

L'île au trésor est un film que j'ai peut-être un peu de mal à cerner. Je veux dire que partout le film est présenté comme un documentaire et j'ai un peu de mal à croire que certaines scènes ne sont...

le 25 mars 2020

14 j'aime

2

L'Île au trésor
Fritz_Langueur
8

La fièvre dans l'instant

Dès les premières minutes, il est impossible de ne pas penser au film de Claire Simon, "Le bois dont les rêves sont faits". Même idée d'un territoire clos sur lequel on focalise (Bois de Vincennes...

le 10 juil. 2018

11 j'aime

6

Du même critique

Watchmen
ChristineDeschamps
5

Critique de Watchmen par Christine Deschamps

Il va vraiment falloir que je relise le somptueux roman graphique anglais pour aller exhumer à la pince à épiler les références étalées dans ce gloubiboulga pas toujours très digeste, qui recèle...

le 18 déc. 2019

23 j'aime

3

Chernobyl
ChristineDeschamps
9

Critique de Chernobyl par Christine Deschamps

Je ne peux guère prétendre y entendre quoi que ce soit à la fission nucléaire et, comme pas mal de gens, je présume, je suis bien contente d'avoir de l'électricité en quantité tout en étant...

le 9 sept. 2019

13 j'aime

5

Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant
ChristineDeschamps
8

Critique de Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant par Christine Deschamps

Civilisation : "État de développement économique, social, politique, culturel auquel sont parvenues certaines sociétés et qui est considéré comme un idéal à atteindre par les autres." Cela ne...

le 16 avr. 2021

11 j'aime

4