Un drôle de dispositif, pour ce documentaire qui se rapproche presque d'un film à la Klapisch. Les protagonistes sont en général d'un naturel confondant malgré la présence de la caméra. Ceux qui ne sont pas naturels ne le sont pas du tout du tout, par contre. Il s'agit pour Guillaume Brac de s'approcher au plus près du quotidien des gens qui fréquentent une base de loisirs en région parisienne, avec empathie et bienveillance, qu'ils soient ados sortis de leur cité, gardien de nuit au passé encombrant, responsable de la location des pédalos, serial dragueurs sympas mais pathétiques, jeunes gourgandines en mal d'émotions estivales, personnels de direction, etc. Au final, on ressort effectivement avec une assez bonne idée de la diversité brassée par ce lieu qui cristallise les activités humaines. Et un peu dérangés par l'opposition continue entre une plage presque sauvage et les grillages qui la ceinturent et la soustraient aux riverains, les portiques qu'il faut passer pour accéder au plaisir simple de la baignade, ou les rondes de nuit qui empêchent les resquilleurs de faire un dernier plongeon depuis le pont. Tout ce petit monde se voit imposer un ordre commercial et administratif qu'on contemple avec effarement quand on a la chance de pouvoir se baigner dans la rivière de son village tout à loisir et gratuitement. Évidemment, sans rampe de plastique bleue ni possibilité de chevaucher un drôle de skate soulevé par des jets d'eau sous pression... mais alors là, tant mieux, carrément. On se prend de compassion pour ces pauvres gens réduits à des contacts tarifés et réglementés avec la nature. Une famille afghane mesure néanmoins sa chance d'avoir pu échapper à une autre forme d'enfermement, autrement plus grave, mais même... la vie en région parisienne semble là bien absurde, et les dialogues éprouvants de vacuité de certains vacanciers, à la tchatche parfois bien horripilante, contribuent également à cette impression de naufrage, au milieu des cygnes et des roseaux.