Y a Bryan Cranston, y a la voix de Bryan Cranston et déjà pour ça, je voulais voir ce film. Je n'ai jamais vu un film de Wes Anderson, à vrai dire, je suis toujours passé à côté de ses films. Grand Budapest Hotel fût un triomphe absolu, beaucoup ont dit que c'était l'apogée de son cinéma, mais je ne l'ai pas vu.
Il aura quand même fallu la présence de Bryan Cranston pour que j'en vois un.
Et à vrai dire, je m'en fichais pas mal de l'histoire, du stop-motion, etc... C'est rare que j'aille voir un film uniquement pour un acteur, mais là, il le fallait, surtout qu'il y avait aussi Edward Norton, Scarlett Johanson, Bill Murray, bref un casting de rêve qui valait à lui seul le détour.
Alors quand j'ai vu que beaucoup craignaient de voir L'Île aux Chiens en VF, j'ai commencé à craindre aussi. Et c'est là que mon cinéma, celui que je critique souvent pour ses programmations VO désastreuses propose le film un samedi après-midi en version originale. Sans hésitation, je suis allé le voir, seul, alors qu'il faisait un temps magnifique en Bretagne, et dans la salle, nous étions trois. Trois pauvres âmes égarées dans un cinéma devant un film en stop-motion en VO, trois pauvres âmes enfermées dans une salle sombre tandis que les gens profitaient de la plage et du beau temps.
Et je ne regrette rien ! RIEN !
L'Île aux Chiens était génial, je ne savais absolument pas à quoi m'attendre car j'étais totalement étranger au cinéma de Wes Anderson, pas de bande annonce, rien que la présence de Cranston sur l'affiche m'avait fait venir et j'étais donc ouvert à toute proposition.
Et ce fût bon ! BON !
Je ne m'étais même pas posé la question si c'était un dessin animé destiné à un public jeune mais après visionnage, la réponse est claire et évidente. Non, ce film n'est pas pour les enfants. C'est un film extrêmement mature, très drôle à certains moments, et aussi très dur dans d'autres. L'Île aux Chiens est un film très étrange car il est capable d'offrir dans la même scène un sentiment d'horreur et en même temps d'amusement. Un chien qui se rend compte que son oreille est arraché et réagit en haussant des épaules malgré l'abondance de sang qui envahit sa plaie, ça a quelque chose d'hilarant mais de fou à la fois.
On pourrai presque croire que L'Île aux Chiens est une parodie de dystopie. Nous somme au Japon, une sorte d'épidémie touche les chiens et force la population à exiler le meilleur ami de l'homme sur un île poubelle et les quelques résistants à cette réforme sont opprimés ou contraints d'agir dans l'ombre. Ça a quelque chose de dystopique, cette communauté exilée à cause d'une autre qui détient le pouvoir et qui conditionne la population à suivre une pensée unique. Ces résistants pacifiques assassinés et ce dictateur tyrannique mais adoré. Ce sentiment de dictature accentué par cette musique oppressante marqué par des tambours très imposants, bref.
Mais en même temps, tout sonne comme une comédie satirique. Que ce soit le design des personnages, le ton des voix ou encore l'animation (les combats de chiens sont très marrants à regarder). J'ai beaucoup rigolé devant l'Île aux Chiens mais je n'en suis pas sortit débile, au contraire, cette vision d'un Japon dictatorial, c'est particulièrement bien pensé.
Quant aux personnages, ils sont assez inégales. A vrai dire, il doit bien y avoir trois ou quatre personnages vraiment bien écrits dans le film, mais le reste, passe presque pour de la figuration. Prenons par exemple la troupe de chien qui sont un peu les personnages principaux. On en a cinq et à vrai dire, seuls deux ont vraiment une présence. Chief, parce que c'est le personnage principal et que Bryan Cranston, et Rex (Edward Norton), parce qu'il s'oppose souvent à Chief. Ce sont les deux têtes pensantes du groupe et le reste n'est là que pour la figuration. En personnage sympa, on a aussi Atari, le jeune garçon qui part à la recherche de son chien, et là, j'ai besoin de m’attarder sur lui.
Atari est un personnage dont on ne comprend aucun dialogue sauf quand quelqu'un traduit. On ne comprend pas trois quart de ce qu'il dit et pourtant, Wes Anderson arrive à lui donner une âme, une personnalité qui le rend attachant et courageux. C'est un jeune débrouillard qui aime son chien et qui est prêt à tout pour le retrouver, et c'est pour ça qu'on l'aime.
Son chien quant à lui, Spots est assez spéciale. Il est toujours très calme et posé malgré les situations catastrophiques et ça m'a fait rire. Il pourrait y avoir un ouragan devant lui qu'il affichera la même tête calme malgré son intelligence évidente.
Mais sinon, le reste des personnages est assez creux. Que ce soit la reporter de douze ans qui monte un complot contre le dictateur, les autres chiens de la bande ou le dictateur lui-même (dont les agissements vers la fin du film sont pas assez bien amenés pour qu'on y croit), et je trouve ça assez dommage.
Mais à vrai dire, il s'agit là d'un des rares défauts du film car dans son ensemble, il est splendide. L'animation en stop-motion est géniale, la musique énorme, l'univers dense et très bien exploité et les messages sont intéressants, bien amenés et rares dans un film d'animation aux premiers abords comique. Bref, L'ïle aux Chiens, c'était très bien, allez le voir !