Quatre après The Grand Budapest Hotel, l’ingéniosité artistique du réalisateur est de retour dans une charmante fable où les chiens sont les protagonistes. On ne peut qu’être émerveillé face à la richesse de cette animation sophistiquée, originale, multipliant les références esthétiques au cinéma japonais, (notamment les films d'Akira Kurosawa ou les estampes du XIXe siècle). Le film doit ses lettres de noblesse à cet univers qui ne peut laisser indifféremment. Et c’est malheureusement ce maniérisme exagéré qui dessert le film…
En étant focalisée aveuglement sur la forme plutôt que sur le fond, l’histoire commence à devenir trivial. Plus on avance dans le film, plus nous nous décrochons de la trame pour admirer l’immensité du travail esthétique. La critique du modernisme faite par d’Anderson, cad cette dénonciation des « fake news » et de la manipulation engendrée par les médias est rendue inaudible voire sourde par toute cette poésie virtuelle et ces artifices filmiques…
Autre petit bémol:
dans l’île aux chiens, les deux seules chiennes apparaissent soient dans un rapport de séduction, soit quand il est question de reproduction.
Ces fonctions stéréotypées donnent un goût légèrement amer au film, qui plus est, elles n’ont même pas le même physique que les chiens (elles sont plus minces et leurs « formes » sont accentuées).
Malgré ces petites déceptions, L’Ile aux chiens reste incontestablement un film fascinant, d’une grande originalité, porté par la somptueuse musique d’Alexandre Desplat ! Un véritable voyage au coeur du savoir du stop motion !!