Wes Anderson avait déjà sévi dans le passé avec des œuvres mémorables telles que la Vie Aquatique avec Bill Murray ou encore l’inénarrable Grand Budapest Hôtel. Fan de ce créatif hors normes, je ne pouvais manquer de me rendre sans délai à l’ Ile aux Chiens. Je n’en attendais pas moins de Mr Anderson mais la surprise et le plaisir tinrent largement leurs promesses. Au-delà d’une maîtrise totale de la technique Stop Motion type « L’Etrange Noël de Monsieur Jack », le film est d’une extrême poésie tout en vilipendant à tour de bras les exclusions et les racismes de tout poil. Une fable politique à la gloire du « vivre ensemble » sans la mièvrerie hollywoodienne habituelle. Nous transportant comme par magie dans un Japon légèrement futuriste (ou pas), nous baignons dans une atmosphère asiatique empruntée aux vieux films nippons d’antan genre Kurosawa et les références à ce cinéma classique sont légion. Aussi j’ai pu apercevoir avec un certain délice la Grande Vague de Kanagawa par Hokusai qu’ un certain Hergé avait pastiché à une autre époque dans Les Cigares du Pharon. Chacun a les clins d’œil qui le font vibrer. Il faut tout de même saluer le travail colossal entrepris sur ce film, aucun détail n’est laissé au hasard, tout porte la patte du maître, tout est minutieusement calibré. La musique très rythmée accompagne l’ensemble de façon remarquable, comme pour mieux souligner l’emballement démoniaque de la machinerie du scénario. On est aux antipodes des guimauves sucrées et indigestes de certains Disney, et pourtant cela pourrait intéresser grandement un enfant de douze ans. Il n’ y a absolument aucun temps mort dans le film, haletant et bourré d’idées diverses et malgré l’action inventive la réflexion est présente en permanence. D’ailleurs on se demande si vraiment on regarde un film ou si on est en train d’assister à un drame en direct, pour ma part, j’étais en totale immersion, captivé par l’ambiance sonore et visuelle sans cesse renouvelée de détails que parfois on a du mal à saisir au vol. Il y a forcément un zeste de Stanley Kubrick dans cet Anderson , dans la façon de faire défiler l’histoire, dans la structuration des espaces. Le film est noir bien sûr même si quelques petites touches subtiles d’ humour (noir) ou gags burlesques apparaissent parfois et nous font sourire.
Le film est une arme formidable contre toutes les « dictatures » corrompues et le « trumpisme » lénifiant.
En résumé, du très grand Anderson qui nous sert une nouvelle louche de son immense talent .
A recommander sans limites, laissez vous embarquer sur cette surprenante Ile aux Chiens.
( Et pourtant je préfère les chats lol)