Avec son talent pour les maquettes et sa minutie, il est étonnant que Wes Anderson ait encore si peu touché au cinéma d’animation (Fantastic Mr Fox, Do you like to read?).
Le mariage de son style précis et graphique et du stop-motion était destiné, sans surprise, à donner d’heureux résultats.
Il en va de même avec de nombreux aspects de la culture et de l’esthétique japonaises, et cela m’a sauté aux yeux en voyant L’île aux chiens.
On retrouve dans les dialogues et le jeu des personnages (les poupées animées, en l’occurence) ce côté un peu flegmatique et figé qui caractérise si souvent les personnages du réalisateur australien… Tout comme les échanges et comportements nippons, cloisonnés dans les niches d’une société si codifiée dans ses rapports sociaux.
Et les codes, justement, Wes Anderson en raffole (visuels surtout, subtils généralement), créant son propre langage.
Avec sa palette de couleurs toujours vives et cartoonesques, ses objets et symboles choisis avec soin, ses clichés moqueurs et son sens maniaque de la composition, comme si chaque image était une affiche de propagande, une carte postale ou un carnet de voyage.
Autre point commun avec la culture venue du soleil levant: le soin extrême du détail. Discipline incontestablement maîtrisée par le réalisateur, bien connu pour découper les plans, parfois même les images, avec la précision sophistiquée d’un chef préparant des sushis ou un bentô, semblant chercher dans le minimalisme l’essence même des choses, comme le font aussi l’art du Haïku ou de l’Ikebana.
A savourer comme un connaisseur ou a déguster comme un néophyte.