C'est parfois difficile d'être très objectif dans une critique de film quand on l'a adoré. J'ai maté l'Ile aux Chiens de Wes Anderson et malgré le fait que l'histoire ai un côté "sombre", j'avais le sourire du début à la fin. Après tout, un film où les possesseurs de chats sont tous des méchants ne pouvait pas être un mauvais film.
Alors, oui, je l'avoue direct : je suis bien plus team chien que team chat. J'adore ces bons gros toutous, leur loyauté envers l'homme (centrale dans le film) leur bêtise (aussi) et leur indeffectible positivité. Et pour le coup, Wes Anderson retranscrit bien tout ça : ses chiens ont des airs de gentlemen anglais qui débattent ensemble tout en étant parfois intéressé par une babiole qui brille ou un ragot.
Le casting vocal est assez impeccable et pas trop étouffant : j'ai absolument pas reconnu les acteurs de la V.O. Durant le film pourtant en les voyant dans le générique, ça faisait sens. Après chez Wes Anderson, le casting est incroyable, notamment pour des personnages qui doivent avoir trois lignes de dialogues comme Tilda Swindon en un tout petit chien qui regarde la télé. Bryan Cranston est parfait en vieux chien errant qui en chié dans la vie (oui, je sais qu'il existe une VF, castée par Wes Anderson lui-même et avec des comédiens français... mais... Meh : désolé mais avoir Lea Seydoux à la place de Scarlett Johanson ne me tentait pas plus que ça.)
J'ai l'impression qu'au niveau de ses scénarios depuis The Grand Budapest Hotel, Anderson fait des films bien moins "tranche de vie" qu'avant et se concentre sur le déroulé de l'histoire. C'est même le film où il s'éparpille le moins, racontant une histoire relativement cohérente. Allez si on pouvait titiller, le fait que le groupe de chiens du départ (ceux avec des noms de chefs) devienne complètement anecdotique passé le chapitre 3 m'a un peu déconcerté.
Et si Budapest Hotel était une sorte de vision fantasmé des pays de l'est dans les années 20, c'est une vision fantasmée du Japon que seul un étranger pourrait faire : la technologie est un mélange d'objets futuristes et d'objets anciens (ils utilisent encore des télés cathodiques) les actualités sont illustrées avec des estampes, il y a une grosse inspiration d'Akira Kurosawa et les méchants utilisent du gaz au wasabi empoisonné. (On passe notre temps à dire que les japonais sont entre tradition et modernité, mais quand nous les occidentaux, on représente leur pays on est les premier à foutre le zbeul.)
Cela donne une direction artistique complètement dingue (off course, c'est Wes Anderson) où le mélange japonais/anglais n'est jamais forcé et s'intègre toujours bien : a l'image de ces moments non doublés que l'on comprend parfaitement. (Ma copine était contente d'avoir pu me traduire quelques phrases qu'elle reconnaissait de ses cours de japonais.) Et puis merde, l'animation est folle : regardez la façon de bouger les yeux, les poils qui bougent et les petites animations d'arrière plans, c'est fou !
Alors oui, ça montre une vision assez totalitaire de la société (mais extrêmement localisée vu que le chef n'est que le maire d'une mégapole) mais avec toujours un côté poil à gratter, une blague ou une réflexion bien sentie qui fait que jamais je n'ai eu l'impression que le ton était trop noir (et pourtant il y a de l'humour noir.) C'est à mettre a côté de la B.O. d'Alexandre Desplat qui est tout en tambour japonais, en voix de gorge mais n'arrive pas à être déprimante : c'est toujours ce qu'il faut.
Alors rassurez vous, je ne suis pas non plus dithyrambique à cause des chiens... on va se taper d'ici peu Oliver et Compagnie qui est dans notre liste de Noel... et ça va pas être la même semoule.
Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Malgré le fait que l'histoire se termine bien et qu'il y ai beaucoup de traits d'humours (notamment toutes les bagarres qui sont des bastons "nuages de poussières" refaites avec du coton) le film est PG-13 aux USA. Donc, non, je vais ptet leur éviter des cauchemars.
Possibilité de remake/suite : Un autre stop motion par Wes Anderson ?
Le détail qui me titille : On ne sait jamais trop si Atari comprend le langage des chiens ou s'il est juste très bon pour décoder leurs signes. (Y compris qu'un aboiement signifie "on s'est trompé de chien fait réatterrir ton avion.")
Suis-je le seul ? A me dire que faire jouer Yoko Ono dans le rôle d'une femme qui perd tragiquement l'amour de sa vie, c'est un peu chaud.