Un Merveilleux Éloge de l'Anti-Spectaculaire
Quelques mots sur une oeuvre essentielle du cinéma japonais, qui s'attache simplement à retranscrire le rude quotidien d'une famille de pêcheurs, sur une petite île située au large du Japon.
Dominé par cette sempiternelle recherche de l'eau, expérimenter la modeste vie de ces paysans semble faire à appel à notre sensibilité, et à notre empathie envers ces personnages, évoluant au rythme des saisons. Loin des héros hollywoodiens badass ou séducteurs auxquels nous sommes habitués, cotoyer des gens plus simples, des gens plus vrais, des gens plus réels finalement, vous apportera sans doute une dose rafraichissante de douceur et d'émotion.
Au fil des délicieux plans-séquences en plein coeur d'une Nature idyllique, vous ressentirez la labeur et l'épuisement dû à leurs travaux, ainsi que les joies de leur vie familiale. Chaque plan, chaque angle de vue, vous évoquera d'étranges sensations de bonheur mêlées à de la tristesse, ce qui n'est pas déplaisant.
Derrière cette totale absence de dialogues, se cache clairement une humble volonté d'être universelle et de toucher ainsi le coeur de chaque spectateur. D'une beauté lumineuse resplendissante, parfois ombragée, les images se suffisent à elle-même. Le scénario, lui, tient sur une feuille de papier, tandis que les mouvements gracieux des personnages font l'objet d'une attente souvent grandissante. Sans tomber dans le misérabilisme, l'harmonie crée par les thèmes musicaux pourra vous émouvoir plus subtitlement qu'il n'y parait.
En plus d'être une oeuvre profondément humaine touchée par la grace, "L'Ile Nue" est un splendide poème en mouvements d'une rare force cinématographique, qui délivre avec justesse une formidable leçon d'humilité. Ce film nous prouve de la plus belle des manières, que la simplicité peut s'avérer beaucoup plus touchante, fascinante et passionante que n'importe quelle complexité.