Le début des années 70 marque un tournant pour Madagascar, où la population manifeste son intention d'en finir avec la tutelle française, symbolisée notamment par la présence de bases militaires. C'est aussi un paradis d'enfance pour le futur réalisateur Robin Campillo qui, 50 ans plus tard, nous livre une vision sensorielle de cette période, où il est témoin de certaines réalités, sans les comprendre, et où il s'évade en compagnie de Fantomette. Puisqu'il est à hauteur d'enfant, L'Île rouge n'est pas le film historique, et foncièrement anti-colonialiste, que l'on attendait. Cette enfance de l'indépendance d'un pays et, partant, la morgue de ses occupants étrangers, ne s'appréhende qu'à travers des paroles échangées et des attitudes, d'une manière certes subtile mais qui dessert en partie le film, que l'on espérait plus politique. L'image est belle, l'interprétation excellente (Nadia Tereszkiewicz confirme l'étendue de sa palette) mais son scénario, impressionniste, se love dans une certaine nonchalance, manquant d'au moins un ou deux temps forts pour séduire davantage. La fin du long-métrage avive d'ailleurs les regrets, avec des dernières scènes plus frontales quant au développement promis de son thème. Mais s'il avait pris cette voie plus engagée, Robin Campillo aurait sans doute trahi, en quelque sorte, l'enfant innocent et observateur qu'il était à l'époque.