Nouvelle adaptation d’un roman de l’auteur de Jaws, Peter Benchley, The Island est un film d’aventure trépidant et violent. Un étrange mix entre film de pirates et survival, les spécialistes penseront peut-être au Phare du Bout du Monde de Kevin Billington, qui personnellement m’avait marqué par sa grande cruauté, lorsque je l’avais découvert en vidéo. Les romans d’aventure bon enfant à la Jules Verne prenait alors une connotation plus adulte, tout en demeurant cantonné au statut de série B distrayante. On retrouve un peu le même concept avec ce film signé Michael Ritchie, qui a fait ses premières armes sur des séries télé, puis réalisé un film de ski avec Robert Redford, Carnage, un très bon thriller avec Lee Marvin et Gene Hackman… oui vous lisez bien ! Rien que l’idée de rassembler ces deux gueules incontournables du cinéma d’exploitation vaut son pesant de cacahuètes… et deux trois comédies avec Burt Reynolds ou Walter Mathau.
The Island, un titre original œuvrant un peu plus à l’imaginaire que sa traduction française, est une série B qui ne passe jamais le niveau supérieur, j’entends par là : pas de grandes envolées lyriques ou métaphysiques, une mise en scène et un visuel soigné mais ce n’est pas du Kubrick non plus, mais un casting de choix, puisque l’on retrouve en tête d’affiche, le génial Michael Caine qu’il est inutile de présenter, qui la même année enchainera avec Pulsions de De Palma, quelques inconnus à gueules pas piquées des hannetons, ou plutôt, si.., du genre Dudley Sutton avec sa merveilleuse dentition de vieux clébard grabataire, et surtout l’excellent David Warner qui fait partie des "seconds couteaux" que l’on avait envie de voir dans un film à l’époque.
Ne lésinant pas sur la violence graphique, voir la première scène de meurtre,
un fendage de crâne à la machette quand même…
, le film ne passe jamais le stade du dessus, à cause de certaines incohérences : un Michael Caine qui nage environ 3 fois moins vite qu’un hors bord, et qui ne semble pas toujours concerné dans son jeu un chouïa trop décontracté au vue de la situation, il est quand même retenu en otage sur une île habitée par des pirates qui seraient un mixe entre les autochtones de la Colline a des yeux et une secte en mode flower-power sans la fleur, et une mise en scène parfois un peu poussive.
En revanche, le film ne manque pas de cette générosité caractéristique des séries B qui s’assument en tant que telles, quitte à user d'outrances, de "méchants" ayant probablement carburés à certaines substances illicites et d'une violence sans concession, on frise souvent le gore, avec un twist final croustillant à bien des égards,
on a droit à un carnage pétaradant que Sam Peckinpah n’aurait pas désavoué, sans atteindre la teneur lyrique des oeuvres de Bloody Sam bien sûr.
Évidemment, ça se cantonne à de la bonne vieille série B. Déjà pas si mal et surtout très supérieur à ce que nous présente les grosses sorties d’aujourd’hui. Disons que Michael Ritchie possède plus de savoir-faire à lui seul qu’un Villeneuve et un Nolan rassemblés… cette pensée n’engageant bien entendu que moi…