Réalisation animée d'un fantasme de Jacques Tati, L'Illusionniste est de ces rêves qui font du cinéma un inexplicable tour de magie. Le film de Sylvain Chomet ne suit aucun fil rouge particulier, mais nous fait suivre ce Tati dessiné aussi gauche qu'attachant, ses voyages et ses rencontres alors que le spectacle rencontre sa part éphémère dans l'histoire comme dans la forme : la parole se fait rare et la structure nous perd dans cette aventure épurée qui pourtant avance d'elle-même et touche, comme par magie. Chomet multiplie les personnages altérés et attachants, une chanteuse à la démarche langoureuse, un clown suicidaire, des trapézistes italiens qui n'ont que "hop" à la bouche, un ventriloque émouvant ou encore un écossais bien porté sur la bibine, tous animés avec une maîtrise incroyable. L'Illusionniste invoque constamment le mouvement pour nous ensorceler de sa mélancolie, galerie torturée sur la fin d'une époque et les mutations douloureuses du monde du spectacle.
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