"L'impasse" est certainement l'un des films les moins baroques, les moins "post-modernes" de la riche et longue carrière de Brian De Palma, basé qu'il est sur un scénario solide - bien que très classique, voire assez prévisible - de David Koepp et sur l'interprétation exemplaire de Pacino et Penn, tous deux ici au sommet de leur art (soulignons que c'est chose assez rare chez De Palma, cinéaste qui se soucie en général peu de la direction d'acteurs...). Et c'est sans doute pour cela que le film vieillit bien (avec son histoire et son esthétique solidement ancrées dans les seventies, il est d'ailleurs difficile de donner un âge au film lui-même !), sans pour autant prétendre à un classicisme qui s'avère souvent étouffant. Comme De Palma reste toujours De Palma, il nous offre quand même deux scènes mémorables, bien typiques de son "style" : la fusillade du début, avec une superbe montée paranoïaque de tension, et surtout la longue scène de la gare, qui fait écho à une scène - plus célèbre certes - similaire des "Incorruptibles". Toutes deux sont magnifiques, mais elles semblent presque retenues, ou en tout cas loin de la démesure baroque qui caractérise généralement ce genre d'exercice de style chez De Palma. On sort de "l'Impasse" impressionné par l'élégance et l'intelligence d'un tel cinéma populaire, sachant raconter une vraie histoire, l'enrichir de moments "humains" forts (la belle relation entre Carlito et Gail), tout en livrant les montées d'adrénaline "contractuelles" inhérentes au genre : une recette qui semble perdue dans le cinéma hollywoodien actuel. [Critique écrite en 2013]