Cette critique fait partie de la liste "Brian De Palma: Voyeurisme et Cinéma"
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Avant tout et après revisionnage du film, je voudrais vous faire part de ceci.


Parallèle avec Scarface, sorti 10 ans plus tôt:


Pour commencer, le trio réalisateur/producteur/acteur, soit De Palma/Bregman/Pacino
- l'ascendance Latino de Carlito
- l'anagramme Mr Saso (Sosa, le trafiquant avec qui travaille Montana) du nom du gérant du night-club El Paraiso (établissement homonyme d'ailleurs présent dans Scarface, puisque c'est la gargote dans laquelle Montana bosse juste après être sorti du camp de réfugiés),
- le passé de Carlito, caïd incontesté du trafic d’héroïne,
- les scènes dans les night-clubs où passe de la musique Cubaine,
- le troquet sous un pont (rappelant le camp de réfugiés)
- Carlito mourra avant de pouvoir prendre le train pour...Miami!


L'on pourrait aller jusqu'à imaginer que ce film puisse être un futur parallèle pour Tony Montana. Celui-ci aurait donc purgé une peine et en serait ressorti métamorphosé.
Tout ceci n'est que pure spéculation de ma part, mais il me semblait intéressant de partager ce point de vue.


Bref, Carlito's Way est malgré toutes ces coïncidences "Scarfaciennes", inspiré principalement par le roman After Hours de Edwin Torres, séquelle de Carlito's Way du même auteur (dont le titre fut repris pour éviter la ressemblance avec le film de Scorsese).


Carlito's Way est donc la tentative de rédemption d'un ancien trafiquant important du Spanish Harlem de New York.
Mais il replongera dans ce monde de violence par le biais de son avocat, qui s'imprègne bien trop du mode de vie de ses clients gangsters.


Carlito Brigante tentera quand même de se racheter une conduite et même de renouer avec la seule femme qu'il ait jamais aimé de sa vie.
Hélas en pure perte, car son passé "flamboyant" le remettra sur les rails de la violence du Milieu...


De Palma retrouve son inspiration ,après ses errances dans les moyens Bonfire of Vanities et Raising Cain.


De Palma étant De Palma, il y place encore (et toujours) des scènes de voyeurisme (Carlito observant à la dérobée son ex qui danse dans l'immeuble lui faisant face et bien sûr, l'étalage de "chair fraiche" dans la séquence du club de strip-tease, où officie aussi la dite ex).


Une fois débarrassé de ces scènes compulsives, De Palma filme avec mélancolie le retour à la vie civile de son "héros".
La voix-off de Carlito nous montre la lucidité de ce dernier, quant au fait que sa recherche d'une vie "normale" risque d'être difficile, voire impossible.
Et là où Brigante (bandit en Italien) tente de s'élever hors de la fange, son avocat - Kleinfeld - s'y enfonce avec un plaisir mêlé de terreur...


De Palma use toujours de références cinématographiques dont voici deux exemples:
- On retrouve le décor de la gare qui rappelle fortement celle du Chicago de The Untouchables
- La scène du prétoire où Carlito harangue le Juge, rappelant celle où Michael Corleone fait de même, dans The Godfather Part III.


Quant au casting - outre un Pacino encore inspiré - on y trouve la beauté diaphane de Penelope Ann-Miller (même si j'apprécie cette actrice, il lui manque quand même un peu de "superbe" pour se mettre au niveau de Pacino) et un Sean Penn excellent dans son rôle tordu et vil (pour l'anecdote, celui-ci se présenta le premier jour de tournage avec la coiffure improbable qu'il a dans le film et la.réaction immédiate de De Palma fut de dire: "What the hell is that?").


L'on y retrouve aussi l'inévitable Luis Guzman (toujours aussi chouette), le non moins excellent John Leguizamo et les apparitions de deux acteurs en devenir: Viggo Mortensen et Adrian Pasdar.


Mais cette fois-ci, point de compositeur prestigieux (bien étrange vu le budget de ce film) comme Donaggio, Morricone ou Grusin.
C'est le fade Patrick Doyle qui est embauché et force de constater, que son travail est bien faiblard...


En résumé, ce cru 93 de De Palma est une œuvre de la maturité, où le réalisateur délaisse quelque peu la violence et le sexe de ses travaux précédents et pose un regard empreint d'une mélancolie certaine sur le monde qui change (son monde, serais-je tenté de dire).

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le 6 janv. 2017

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The Lizard King

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