Un empereur passionné de musique qui sera chassé du trône par son propre fils.Et qui se souvient des temps heureux, ceux où il s’adonnait à sa véritable passion, la musique ,pendant que s’installait aux rênes de l’Etat la famille yang Kwei Fei grâce au népotisme, qui n’était pourtant qu’un lieu commun de la gouvernance de l’époque, mais avec une telle impudence que la révolte se mettrait un jour à gronder et que l’impératrice y perdrait sa vie. Assassinée, nous disent les livres d’histoire.Excécutée, filme Mizoguchi.Pauvre poupée du destin que le général An Lu-Shan va mettre dans le lit de l’empereur, avant d’être accusé par celui-ci de faire de la politique, ce qui était alors, en Chine, interdit aux femmes.
Eblouissant ouvrage de broderie satinée, chamarrage esthétique d’une rutilance contenue, agrémenté d’une subtile note patinée, cette expérience originale d’un huit clos historique, par un grand maitre du cinéma mondial de l’époque, réussi grâce à son génie à surmonter les contradictions inhérentes à la formule et nous restitue un théâtre des passions aux enluminures somptueuses , où l’audace consiste non à nous livrer l’histoire à proprement parlé mais plutôt une représentation de celle-ci , la plupart des séquences fonctionnant sur deux registres : une certaine forme de réalisme ainsi qu'une forte stylisation. Ce léger effet de distanciation minorant les artifices de la formule du théâtre filmé qui finissent par s’annuler, ou plutôt par se féconder réciproquement, confèrant ainsi à la pièce/film une agilité insoupçonnée et une prodigieuse puissance poétique, consacrant la fable comme une des plus grandes œuvres d’un auteur parmi les plus grands.