Si Mizoguchi est Dieu, comme le soutient Skorecki, alors "l'Impératrice Yang Kwei Fei" doit être la meilleure manière de contempler son essence divine. Je n'avais vu de ce film jusqu'alors qu'une version pitoyablement dégradée, et pouvoir contempler les couleurs originales d'une oeuvre qui fut le "premier" travail d'un grand maitre japonais sur pellicule couleur, ajoute un incroyable choc esthétique au choc émotionnel "habituel" de cette sublime histoire d'amour (doublée d'une réflexion politique accablante). La complexité émotionnelle de la moindre scène, la sensibilité de l'interprétation, la parfaite construction de chaque plan autour d'un éblouissant assemblage de couleurs subtiles, l'intelligence de chaque mouvement de caméra (on pense évidemment ici à la scène fulgurante de la pendaison de l'impératrice) font naitre finalement une nostalgie poignante pour la beauté de ce qui est presque un Art perdu... [Critique écrite en 2013]