Un coeur lourd qui, dans un palais endormi, enfin se tait. Une voix amante qui depuis longtemps s'était tue. Deux rires à l'unisson, deux rires d'outre-tombe incarnant deux âmes flottantes, deux âmes en liberté. Le cosmos en est tout chose. Ainsi s'achève le film de Mizoguchi. Et l'histoire terrestre de l'empereur Hsuan Tsung et de sa favorite Yang Kwei-Fei. Renommée pour sa délicieuse peau au lait, Machiko Kyo, après avoir incarné une princesse No spectrale dans Les contes de la lune vague après la pluie, prête ici sa voix et son âme à une concubine et une impératrice de Chine. Concubine a la vie, impératrice à la mort.
Refuge des âmes en peine, paradis des coeurs empêchés, l'au-delà de Mizoguchi, d'une exemplaire galanterie, accueille ses héroines toujours en premier.
Billet paru dans Nexus six le 29 août 2008