Une irrésistible comédie, qui fut pourtant un échec à sa sortie en 1938 ; ce n'est qu'avec le temps, comme pour beaucoup de films aujourd'hui considérés comme des classiques incontournables, qu'il a acquis ce vernis qui en fait un fleuron de la comédie sophistiquée américaine des années 30-40, et qui tend ici au burlesque. Des situations loufoques, des gags réglés au millimètre, des dialogues brillants, un tandem d'acteurs épatant, une mise en scène précise et élégante... tout se déroule selon une logique implacable servie par une virtuosité éblouissante de scénario, de direction d'acteurs, d'enchaînements et du rythme des gags. Peu de comédies ont le charme et le génie de ce film, où Howard Hawks jongle avec brio avec les quiproquos, poursuites, incompréhensions et il faut bien le dire, une véritable dose de folie douce. Il a la chance d'avoir 2 interprètes de rêve, avec Cary Grant qui n'est jamais meilleur que lorsqu'il joue le gars éberlué et maladroit, et Katharine Hepburn qui est ici délicieusement fofolle. Le léopard, qui en fait s'appelait Nissa, est également très bon.
Voici donc un film qui appartient à un genre quasi disparu à Hollywood : la screwball comedy telle que l'illustrèrent Frank Capra, Leo Mac Carey ou Billy Wilder, et Hawks (qui en a livré d'autres), et dont L'impossible monsieur Bébé est l'un des plus authentiques chefs-d'oeuvre, un vrai bonheur.