Improbable, en effet, il l'est, le périple entrepris par Harold Fry, paisible et fade retraité, décidé à marcher du sud au nord de l'Angleterre, alors qu'une amie, perdue de vue depuis longtemps, est aux portes de la mort. Passons sur la crédibilité du point de départ, sachant que le héros du film avoue lui-même n'avoir jamais rien fait dans sa vie et croyons au pouvoir de la fiction, avec la certitude que la destination compte moins que le voyage, dans cette version lointaine (quoique) de Sur les chemins noirs. Quelques rencontres vont bien entendu émailler le "pèlerinage" de Harold Fry mais elles sont bien trop courtes pour retenir l'attention. D'autant que le vrai sujet du film va se faire jour peu à peu, un périple intérieur pour un vieil homme accablé par un chagrin intime qui ne s'est jamais résorbé. A grands coups de flashbacks, dont on devine sans peine la finalité, le long-métrage progresse dans un territoire de plus en plus embarrassant car personnel, celui de la rédemption. L'improbable voyage d'Harold Fry, "Feel sad movie", pour sa nature profonde, multiplie les scènes pour nous arracher des larmes et il faudrait être de pierre pour ne pas succomber. Oui, il y est question de foi et d'acceptation de notre destin de mortels et non, aucune trace de ce si précieux humour britannique n'y a hélas sa place. Sans parvenir à sauver le film de ses intentions lacrymales, Jim Broadbent, plutôt sobre, réussit tout de même, par sa seule présence, à ne pas nous faire abandonner sa pérégrination en route.