Le consul du Royaume-Uni à Florence, Sir John Duncombe, vient de perdre sa femme. Il décide d'en informer son fils ainé Andrea, qui a une dizaine d'années, mais en lui faisant jurer de ne rien dire à son tout jeune frère Milo. Alors qu'Andrea prend cette responsabilité à cœur, faisant taire son propre chagrin, le consul en vient à le croire insensible à la mort de sa mère. Dans les semaines qui suivent, Andrea cherche une forme de reconnaissance auprès de son père mais celui-ci, lorsqu'il n'est pas accaparé par son travail, n’a d’attention que pour son cadet.
Comencini est un observateur très fin du monde de l’enfance, thème récurent de sa filmographie. Avec L’Incompris, c’est la question de la parole qui est en jeu. La promesse respectée d’Andrea face à celles non tenues de son père : il promet à son fils ainé de l’emmener à Rome mais part finalement sans lui ; plus tard après lui avoir proposé d’être son secrétaire d’un jour, lui conférant ainsi quelques responsabilités de « grand », il omet de lui donner le courrier à traiter. Autant d'oublis qui finissent par mettre en cause la sincérité de la parole paternelle.
Mais c’est aussi au sens propre que la parole est confisquée par le père. Le consul a conservé sur un magnétophone l'enregistrement de la voix de sa femme. Bande sonore qu'il écoute secrètement dans son bureau mais qu'Andrea finit par découvrir.
Avec ses dix ans, l'ainé de la fratrie est juste à la charnière compliquée de la pré-adolescence. Il multiplie les prises de risque propres aux ados à l'image de cet "audaciomètre", une branche d'arbre au dessus d'un étang sur laquelle Andrea avance le plus loin possible. Et dans le même temps, il continue de jouer avec Milo, à cache-cache ou au talkie-walkie (où la parole est en "jeu"). Projeté dans le monde adulte par son père il est maintenu dans l’enfance en voulant ménager son jeune frère. En contrepoint, le personnage de l'oncle incarne une figure pour le moins originale. Un adulte au comportement par souvent immature, qui déclare d'emblée détester les enfants mais comprend Andrea et Milo mieux que leur propre père. Un père qui du reste ne cesse de déléguer ses responsabilités parentales et semble constamment soumis à l'empire des émotions. Aux larmes qui submergent le veuf, succèdent bientôt les contrariétés d’un père débordé et enfin la colère de l’homme de pouvoir impuissant, malgré les meilleurs médecins qu’il convoque, à sauver son fils.
7.5/10
Papier à retrouver, avec d'autres, dans le dossier consacré à la figure parentale au cinéma sur le Mag du Ciné