L'enfance, la belle enfance, l'enfance tragique qui vrille chaque parcelle d'images, d'une justesse incommensurable.
L'Incompris est un film à la grâce foudroyante, qui porte une lucidité grave sur l'enfant face à la mort, face à la vie, face au père. Sur l'enfant au cœur déchiré, au regard qui en dit plus sur son âge, à l'immense force. Et c'est en cela que le cinéma excelle, grandiose : à sa capacité à filmer la grâce, la justesse, l'adulte dans le regard d'un enfant, la conscience de la mort. Le désir d'amour auprès d'un père manquant.
Le cinéma est fascinant lorsqu'il s'arrête sur l'enfance. Lorsqu'il dit la candeur, la tristesse, l'intelligence, la fougue, le bonheur. Lorsqu'il arrive à capter la lumière dans l'enfance. Et que l'enfant dépasse son âge, dépasse la réalité. Et alors toute la force vient de là : l'extrême maturité des êtres, ce quelque chose qui dépasse le réel, qui va plus loin que la vie, et qui brille brille brille.
La simplicité d'un film dans le regard d'un enfant, sur ces yeux en gros plans qui pleurent en silence, écoutant la voix d'une mère absente. Alors il y a ce long plan, magnifique. Simplement un regard et une unique larme qui coule des yeux, écoutant une voix disparue sortant d'un magnétophone.
Il y a la langue italienne qui frappe de beauté dans la bouche des deux enfants. Qui frappe de candeur, d'innocence.
La sombre dignité de l'entièreté d'un film, qui jamais ne s’épanche sur le larmoyant, le pathos, la facilité à dire les choses.
Cela donne un chef d’œuvre comme le cinéma italien sait si bien les faire.
On se souvient alors du Pinocchio de Comencini qui brillait d'une infime grâce et de la musique autour, simple, belle, gracieuse, comme celle de L'Incompris.
=> A retrouver sur mon blog.