N'arrivant pas à se remettre du suicide de son épouse dix ans plus tôt, un grand avocat tombé dans la dépression va soudainement sortir de sa réserve pour défendre le petit ami de sa fille, avec qui les rapports sont très froids.


C'est ce qu'on appelle un film de procès, adapté d'un roman de Georges Simeon, et qui avait aussi donné lieu à un très bon film en 1942, Les inconnus dans la maison, où Raimu jouait le rôle qu'a Jean-Paul Belmondo, à savoir un homme au bout du rouleau.
Pour l'acteur, c'est l'occasion de se présenter dans un registre plus dramatique, et dans un rôle de composition, en l'occurrence un type qui boit du matin au soir, même si on sent le travail, et c'est quelque fois appuyé dans la mise en scène ; pourquoi montrer à plusieurs reprises des bouteilles de vin qu'il balade dans un panier ?


Je freinais un peu de quatre fers, entendant tout et son contraire, mais ça n'est pas la catastrophe annoncée, surtout grâce à Belmondo, lequel se montre étonnant dans son jeu, où le procès va le dégriser peu à peu et faire sortir la bête des barreaux qu'il fut afin de défendre sa fille. L'acteur devient touchant, dans une grande tirade finale qui modernise un peu le propos du livre, mais dont la force est encore présente. Ça n'était pas évident de passer après Raimu, et son magnifique monologue final, mais Belmondo s'en tire bien.
Le problème est que l'acteur est vraiment tout seul et que rien ni personne n'atteint sa cheville, tant les jeunes y sont exécrables, aussi bien Cristiana Réali que Sébastien Tavel, à part sa gouvernante, jouée par l'exquise Renée Faure, qui n'hésite pas à le chambrer sur son alcoolisme.
Heureusement que Belmondo a su emmener des potes pour relever le niveau, comme Pierre Vernier, Mario David ou Hubert Deschamps, dont les quelques minutes de présence renvoient de doux souvenirs cinéphiles. On croise également une toute jeune Sandrine Kiberlain.


Mais le plus gros problème est sans nul doute sa qualité technique, qui est complètement désastreuse pour ce que j'appelle un film POUR le cinéma, avec une grosse vedette, donc des moyens importants. Comment expliquer cette lumière absolument dégueulasse, toujours dans la pénombre, ou pourquoi montrer une scène de tribunal qui sent autant l'artifice faite avec deux francs six sous ? Le film n'est vraiment pas beau à voir, et je ne dirais rien de la mise en scène qui consiste en gros à planter sa caméra, attendre que le plan se fasse, et basta.


Est-ce cette facture technique qui va pénaliser sa sortie ? Car quand il sortira en salles, L'inconnu dans la maison sera un tel bide qu'il stoppera net la carrière au cinéma de Georges Lautner.
C'est peut-être cette sobriété qui empêche le film d'être autre chose qu'une performance d'un seul acteur ; Jean-Paul Belmondo.

Boubakar
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le 14 oct. 2017

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