Victor Vauthier petit escroc et mythomane compulsif sort de prison aux grand dam de ses gardiens, mais à peine il a salué son pote Raoul venu le chercher qu’il recommence ses escroqueries, une éducatrice est chargée de vérifier si son retour à la vie normale se passe bien, de fil en aiguille ils tombent amoureux…
Dans son commentaire audio du film sur le dvd Philippe de Broca raconte qu’il voulait faire un générique animés où le personnage de Belmondo retire peu à peu des masques jusqu’à ce qu’après le dernier masque il ne reste que le crâne, montrant à quelle point le personnage est prisonnier de ses mensonges et que ça risque de durer jusqu’à sa mort, mais ce générique trop violent est en décalage avec le ton du film a été rejeté donc De Broca se contentera de filmer son générique sur un mur, le mur de la prison dont sortira Victor-Belmondo.
Hier j’ai vu une interview, datant de 2001, de De Broca où il dit que ce qui l’intéresse le plus dans le film c’est le côté petit escroc qui vit dans un terrain vague de roulotte avec Charles Gérard, ses enfants et Julien Guiomar que la partie du casse qui vient du roman qu’il a adapté avec Audiard.
Si la mythomanie du personnage est traitée avec légèreté, on est quand même dans une comédie, on voit bien celui-ci doit jongler en permanence avec tous ses mensonges que ce soit pour escroquer des dirigeant africains en leur vendant des avions ou les divers femmes qui le connaissent toutes sur un prénom différents c’est flagrant quand le portier du palace l’appelle maître, un autre client docteur et quand il est en difficulté, la scène de la moustache, il arrive toujours à retourner la situation, on se demande aussi comment le personnage évite le burn-out.
Si pour "le Magnifique" De Broca ne s’est pas entendu, et c’est un euphémisme, avec Francis Veber, sa collaboration avec Michel Audiard sera plus harmonieuse et plus longue puisqu’ils collaboreront à plusieurs reprises. Avec Belmondo c’est sa 5ème collaboration après "Cartouche", "l’homme de Rio", "les tribulations d’un chinois en Chine" et "le Magnifique" et c’est pendant ce tournage qu’éclatera la brouille entre De Broca et Belmondo la raison invoquée est que le premier aurait reproché au second d’en faire trop, mais déjà sur le commentaire audio du "Magnifique" De Broca avouait que si leur complicité était intact comme sur leurs précédents projets, le fait que Belmondo soit producteur a néanmoins changé quelque chose selon lui.
Avis : Longtemps ce film n’était pas mon préféré du tandem De Broca-Belmondo bien qu’à chaque rediffusion télévisée, je le regardais avec plaisir et puis j’ai découvert plus en détail la filmographie de De Broca, notamment le "Roi de cœur" et sa poésie et puis j’ai appris à plus aimer les personnages de Julien Guiomar et de Charles Gérard leur espèce de colocation dans cette roulotte et ce terrain vague, on sent la tendresse de De Broca et d’Audiard pour les marginaux, en tout cas ceux que la société considère comme tels et quand on entend dans l’interview qu’il préfère ces scènes aux scènes du casse ça se voit .
Le film ne serait pas le même sans Belmondo qui en fait peut-être trop, ça c’est à l’appréciation du spectateur, mais derrière cette performance haute en couleur, se cache un côté assez tragique ce qu’aurait illustré le générique voulu par De Broca dont je parle ci-dessus, on ne sait pas qui est Victor finalement et le sait-il lui même? Comme il est toujours en mouvement, il chasse une combine un amour par un autre. Geneviève Bujold-Marie-Charlotte Pontalec est à la fois subjuguée elle aussi par Victor elle tentera de résister à cet amour mais y succombera non sans s’en servir à son profit. Julien Guiomar et Charles Gérard tous deux excellents peut importe les escroqueries qu’ils montent il finissent toujours dans leur roulotte. De Broca donne à son film le rythme de son personnage aidé par les dialogue d’Audiard qui sonnent plus naturels moins comme des punchlines plus mélancoliques aussi surtout ceux de Guiomar. Questions scènes marquantes le film n’en manque pas: la scène où Belmondo fait des allers-retours du palace à la brasserie avec ou sans moustache ou légion d’honneur, la scène avec les forains quand il passe le chapeau qui grâce à lui se remplit de billets, la scène de l’opéra, la scène du casse avec ses imprévus, Paris quadrillés "On a jamais vu un imbecile devenir préfet de Police" les répliques de Geneviève Bujold à son bureau "Si je comprends bien vous avez violé votre sœur qui était enceinte de votre père?"réplique à la fois tellement énorme mais aussi réaliste ( je pense que des assistants sociaux ont eu ce genre de cas) qu’on ne peut pas s’empêcher de rire surtout au ton où elle le dit, il y en a une autre du même genre mais je ne la connaît pas par cœur.
"L’incorrigible" est un film que j’aime de plus en plus à chaque visionnage, certes je comprends que le jeu de Belmondo qui se lache vraiment peut agacer mais si vous y adhérez le film passera tout seul et puis il y a les autres comédiennes et comédiens et la poésie de De Broca distillée ça et là (pour ça il faut connaître sa filmographie), un Audiard plus mélancolique "Antinea" (je sais pas comment ça s’écrit) hurle un Guiomar qui veut sauver le Mont Saint-Michel.