Dans cette farce étourdissante, on retrouve toute la fantaisie de Philippe de Broca qui a façonné un rôle de mythomane cousu main pour le Bebel qu’il a façonné à travers ses comédies populaires. Contrairement à leurs autres collaborations, le scénario est ici beaucoup plus lâche. Le film se veut plutôt une peinture de personnages et, surtout, une ode à sa vedette qu’il met doublement en scène en brodant une série de saynètes où, grimé le plus souvent, Bebel joue différents rôles pour escroquer les plus riches. Toute cette première partie, il faut le reconnaitre, ne repose que sur la verve de sa vedette qui s’amuse comme un petit fou à passer d’un personnage à l’autre. Pour le spectateur, en revanche, cette longue présentation de l’infatigable escroc est excessive. Elle ne repose que sur le numéro d’acteur de sa vedette qui cabotine comme jamais. Concrètement, il ne se passe rien et tout le monde semble en roue libre pour surfer sur le talent de l’autre.
Il faut attendre la deuxième partie pour voir le film passer la seconde. Un canevas se faire jour et, par miracle, bons mots et scènes hilarantes se succèdent enfin. On retrouve la verve d’Audiard qui propose des dialogues irrésistibles (Julien Guiomar en personnage shakespearien désabusé, Charles Gérard en complice qui ne veut pas se mouiller) et l’histoire prend un tour vraiment divertissant et particulièrement efficace. Moins bondissant que son personnage principal dans la première partie, le récit reste vivant et plus structuré même s’il s’apparente à une véritable farce. Surtout, cette deuxième partie laisse de la place à tout le monde et, notamment, à tous les seconds rôles qui sont excellents.
On peut avoir toutes les meilleures vedettes du monde, même Belmondo, si on se contente de faire un film exclusivement avec eux seuls, l’ensemble finit par être agaçant ou ennuyeux. Comme tous les autres, Belmondo n’est jamais aussi bon que lorsqu’il entouré d’autres pointures qui lui donnent la réplique. Ce n’est pas le meilleur de Broca, encore moins le meilleur Belmondo, cela cabotine à outrance mais la deuxième partie du film donne un divertissement sympathique qui illustre aussi parfaitement ce que peut offrir la complicité entre un réalisateur et son acteur fétiche.