Un vrai bonheur pour les fans de Bebel, tandis que les autres risquent de faire la grimace.
Philippe De Broca à la réalisation et Michel Audiard aux dialogues (les deux collaborant au scénario) offrent à Jean-Paul Belmondo un rôle d'aigrefin mythomane à sa (dé)mesure.
Ce baratineur flamboyant multiplie les escroqueries comme les conquêtes féminines, et chacun(e) le connaît sous un patronyme différent. Personne ne semble toutefois lui en tenir rigueur, tant le lascar sait se montrer attachant, et même lors d'un séjour en prison, les matons se lamentent de le voir sortir. Sauf que la justice lui colle dans les pattes une jeune psychologue chargée de l'expertiser et de veiller à sa réinsertion...
Au-delà des outrances de Bebel et ses nombreux déguisements, au-delà du caractère excessif et invraisemblable des situations, "L'incorrigible" est une comédie au rythme trépidant, à la mise en scène efficace (au service des gags et saillies verbales de la star), et aux dialogues soignés qui nous offrent quelques répliques saignantes - y compris en arrière-plan de l'action ("Vous avez donc violé votre sœur, qui était déjà enceinte de votre père?").
On retrouve une galerie de trognes habitués des seconds rôles du cinéma français des seventies : Julien Guiomar d'abord, dans le rôle fabuleux du "tonton" misanthrope, mais aussi Charles Gérard, Michel Beaune, Andrea Ferreol, Daniel Ceccaldi, Robert Dalban...
Quant à la québécoise Geneviève Bujold, si elle n'est pas d'une beauté à couper le souffle, elle incarne à merveille la sage mais espiègle Marie-Charlotte.
Bref, la quatrième collaboration entre De Broca et Belmondo est une fois de plus fructueuse, et malgré quelques trous d'air au cœur du récit, "L'incorrigible" est une comédie policière jubilatoire et injustement sous-estimée.