C'est Con et Bourrin

Avec 𝐿'𝐼𝑛𝑐𝑟𝑜𝑦𝑎𝑏𝑙𝑒 𝐻𝑢𝑙𝑘, Louis Leterrier cherche à renouer avec une approche plus simple et directe du célèbre géant vert, après l'interprétation introspective d'Ang Lee en 2003. Cependant, cette simplicité s'avère trop souvent synonyme de superficialité. Le scénario, loin d'être convaincant, peine à maintenir une cohérence et se contredit dans ses propres enjeux. Les personnages manquent cruellement de profondeur et de constance. Seules les quinze premières minutes, situées dans les favelas de Rio de Janeiro, captivent par leur énergie et une réalisation qui exploite habilement l'espace urbain. Mais, passé ce début prometteur, l'ensemble se déroule de manière purement fonctionnelle, sans éclat ni originalité.

Le casting, malgré des noms prestigieux, ne parvient pas à insuffler la vitalité nécessaire à cette adaptation. Edward Norton tente d'être crédible par moments, mais on a surtout l'impression qu'il se désintéresse du projet. De plus, le scénario n'exploite jamais la dualité complexe de Bruce Banner. Liv Tyler, dans un rôle effacé, se cantonne à incarner une figure naïve, tandis que William Hurt interprète un général Ross réduit au cliché du militaire obtus. Seul Tim Roth, dans le rôle d'Emil Blonsky, apporte une intensité palpable. Sa transformation progressive en Abomination offre un contraste intrigant et viscéral, parvenant à laisser une impression marquante malgré son caractère démesuré.

Visuellement, le film souffre des affres du temps. Les effets spéciaux, qui visaient à impressionner lors de la sortie, ont mal vieilli, accentuant la nature mécanique et sans relief de l'ensemble. La confrontation finale entre Hulk et son double monstrueux, bien que prometteuse sur le papier, s'enlise dans un déferlement d'action répétitive qui met à rude épreuve la patience du spectateur. Au final, Louis Leterrier livre une œuvre mineure dans l'univers Marvel, manquant cruellement de la vision et du souffle qui auraient pu la rendre ne serait-ce qu'un peu mémorable.