Remake d’un film de 1963, L’Incroyable voyage sorti en 1993 et signé Disney offre un distrayant film familial, où deux chiens et un chat sont séparés de leurs maîtres, la famille Burnford. Le chien fou Chance, un bouledogue américain, le vieux et sage Shadow, un golden retriever et la hautaine Sassy, une chatte himalayenne, traversaient les montagnes rocheuses pour retrouver leurs humains à eux.
Trois ans plus tard, la suite ne vient guère révolutionner la formule. Mais le trio animalier n’a plus à retrouver leur chemin au sein de la nature sauvage mais cette fois au sein de la ville de San Francisco.
Au revoir donc belles montagnes et charmantes forêts, c’est le cadre urbain qui prend place, avec ses rues et ses immeubles. Un des cadres majeurs est d’ailleurs une zone portuaire désaffectée, qui pourrait avoir son charme pour les fans d’Urbex. C’est une petite visite de San Francisco qui est proposée, avec quelques monuments emblématiques, mais à hauteur de patounes. Ce n’est plus si dépaysant pour le spectateur, à moins qu’il ne soit cette fois ci un montagnard des rocheuses qui découvrirait ainsi la ville -crédiou!-, et c’est une partie du charme qui s’en va.
L’Incroyable Voyage 2 veut d’ailleurs nous faire croire à la dangerosité de la ville mais sans vraiment y arriver, avec ses quelques chiens un peu agressifs ou cette camionnette qui vole les chiens pour les revendre à des labos. Mais c’est du pur Disney, il n’y a rien qui fait peur, qui pourrait impressionner le jeune public. Les menaces rencontrées seront vite surmontées sans problèmes et sans bobos. Le trio poilu peut d’ailleurs compter sur une meute de chiens errants amenés par Riley. Leurs échanges sur les avantages entre être un chien libre ou domestique ne surprendront pas le spectateur d’un autre Disney, la Belle et le Clochard et même sa suite, postérieure à ce film.
Une histoire d’amour entre Chance et une chienne errante est aussi proposée, la rivalité puis l’amour fou puis l’amour impossible puis la séparation mais pas d’inquiétudes, tout se finira bien, ouf. Même en gardant son âme d’enfant, l’adulte aura parfois des difficultés à ne pas lever les yeux au ciel devant certaines indigences pas au poil.
Il semblerait aussi que le film accorde une trop grande importance à Chance, jeune et fougueux, tout brindezingue. Tous ces animaux parlent entre eux et Chance occupe l’espace sonore avec un débit et des plaisanteries qui peuvent user. Chance et Sassy sont présents, mais ont moins d’importance, ils n’ont pas d’intrigues secondaires contrairement au bouledogue.
Si le fait qu’ils puissent parler sans ouvrir leurs gueules peut surprendre, il faut néanmoins souligner que le film ne se moque pas de ses spectateurs qui viendraient voir des animaux faire le show. Les bestioles sont bien entraînés et peuvent courir, sauter, se battre, se faire des léchouilles et même sauver des gens dans une maison en feu (qui a vraiment été incendiée pour le film). Quatre American Bulldogs se partagent le rôle de Chance, quatre Golden Retrievers pour Shadow et six chats assurent celui de Sassy, ce qui n’enlève rien à la prouesse, les doublures ne se distinguent pas et il a fallu un certain dressage pour arriver à ce résultat où les animaux semblent vraiment acteurs du film. Surtout pour les chats, terribles divas qui n’ont jamais été sensibles aux caméras du cinéma.
C’est d’ailleurs aussi un des bons exemples de cette période où les animaux étaient encore présents sur les plateaux, à l’ancienne et sans effets spéciaux numériques rajoutés et souvent artificiels. Comme cela pu être le cas pour le Chihuahua de Beverly Hills en 2008 ou L'Appel de la forêt en 2020. De la pelloche et des poils, à l’ancienne.
Des aventures, de l’humour, des pitreries et des animaux trop choupis à serrer dans ses bras, de quoi probablement satisfaire un public jeune. Mais avec un regard plus adulte, plus critique, difficile de s’en satisfaire, même en invoquant et en cherchant à retenir son âme d’enfant. Le premier film avait pour lui des qualités supplémentaires que semble manquer ce film, avec son cadre urbain moins dépaysant et un ton et un humour un peu trop idiots.