Tout n'est pas limpide dans L'infirmière, loin de là, et son début peu même désorienter mais le sentiment s'évanouit dès lors que le spectateur comprend (plus ou moins tard) que le film se déroule sur deux temporalités différentes. S'y ajoutent également des séquences oniriques qui contribuent à opacifier l'état mental réel de son personnage principal, la dénommée Ichiko, jouée à la perfection dans l'ambigüité par l'excellente Mariko Tsutsui (née en 1960, ce qui semble hallucinant eu égard à son allure presque juvénile). Kôji Fukada (dé)construit peu à peu le portrait psychologique d'Ichiko sur la durée, ne cherchant en aucun cas la sympathie ou la compréhension mais lui laissant plutôt sa part de mystère dans l'affaire qui provoque sa chute sociale. Certains ne seront sans doute pas sensibles au dispositif arachnéen du dispositif mis en place qui exclut toute forme d'humour et suscite le trouble, voire un certain malaise. La mise en scène est somptueuse, d'une précision diabolique dans le cadre, sans pour autant verser dans l'esthétisme. C'est sans doute plus l'analyse du dérèglement mental de son héroïne qui intéresse le réalisateur, l'aspect sociétal avec la meute affamée des médias restant plutôt classique, ne faisant d'ailleurs pas intervenir le désormais traditionnel tribunal populaire constitué par les réseaux sociaux. Tel quel, L'infirmière peut paraître frustrant par ses ellipses et sa subtile rétention d'informations. Plus que son scénario torturé, c'est son jeu avec les apparences, la psychologie et la chronologie qui suscite l'adhésion pour peu que l'on aime ce type de cinéma ludique et un tantinet pervers.

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le 5 août 2020

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