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« Preuve est faite : tout va mieux quand les immigrés rentrent chez eux » (E.Z.)

Tout comme Yannis Ezziadi (Maintenant au moins quand on tape son nom dans un moteur de recherche y'a plus besoin d'aller sur la page 128 pour en trouver mention) je suis assez copain avec Éric Zemmour. Et hier le hasard a fait que ce coquinou m'a appelé. Pour causer de tout et de rien, comme d'habitude, c'est ça l'amitié.


Et forcément, parce qu'il est comme ça Éric, il s'intéresse plus aux autres qu'à lui, le cinéma, qu'il sait être une de mes passions, est très vite arrivé sur le tapis. Après, comme à chaque fois, avoir bien rigolé en se remémorant quelques répliques de "La Grande vadrouille" (Entre nous c'est le dernier film qu'Éric ait vu), il m'a demandé comment s'était déroulé mon traditionnel mercredi. Après être rapidement passé sur les cas Coppola (Le nom disait vaguement quelque chose à mon Z d'amour) et encore plus rapidement sur le nouveau film de la réalisatrice d'"Antoinette dans les Cévennes" (Là il a commencé à chialer parce qu'il avait connu une Antoinette en maternelle, une peste qui passait son temps à lui tirer les cheveux qu'il avait en quantité à l'époque, sans oublier de me glisser que j'avais qu'à mieux sélectionner les films que j'allais voir, que forcément quand une femme est aux commandes, biiiiiiiiiip biiiiiiiiiiiiiiip), j'en suis venu à lui dire à quel point j'avais été ému par le nouveau Kore-eda. Ce taquin l'imaginant Coréen, il a commencé à partir dans un délire sur les Marocains qui devraient s'appeler Maroc-eda, les Algériens Alger-eda. Enfin bref il trouvait que ce serait vachement chouette que ce soit comme ça aussi chez nous, comme quoi y'aurait même pas besoin de leur demander leurs papiers pour savoir dans quel charter les mettre, ce genre de trucs. Quand il a compris sa boulette (de riz) on s'est bien marré avec deux-trois blagues sur les bouffeurs de sushis tout ça.


Mais par respect pour ma passion il m'a demandé ce qui m'avait tant plu, et même si je ne serais pas étonné qu'il se soit fait un petit sudoku pendant ma réponse, je lui ai parlé de ce scénario incroyablement maitrisé à la "Rashomon", qui distille des informations au compte-gouttes, de cette manière d'aborder des tas de sujets douloureux sans jamais rien appuyer, avec même une douceur de façade, de pratiquer l'ellipse ou le hors-champ dès que le spectateur pourrait être mis en position de voyeur, de ces quelques plans de nature, d'une nacelle, de la dernière partition de Ryūichi Sakamoto (Quand je lui ai signalé que le scénariste avait le même patronyme il a sorti un truc un peu raciste en me reparlant des charters, mais dans sa bouche je sais qu'au fond c'était plein de bienveillance), d'un travelling qui m'avait foutu les larmes aux yeux. J'ai évité de lui dire que ça parlait de la rumeur, des préjugés, du harcèlement scolaire, un peu d'homosexualité aussi, du fait qu'il est important d'écouter tous les protagonistes d'une histoire avant de se faire un avis. On peut parler de tout avec mon Z mais faut quand même pas déconner, si on part sur les homos et l'acceptation de l'autre, il peut vite prendre les habits du tonton bourré et vaguement gênant le soir du réveillon.


Enfin bref passé ce moment où ça parlait chinois (Éric dit arabe mais c'est un point de détail... de l'histoire) pour lui, il m'a poliment demandé si le bridé avait fait d'autres bons films avant, je lui ai répondu que c'était un immense réalisateur et que je ne voyais que deux coups de mou relatifs dans son parcours : son opus précédent qu'il avait tourné en Corée, et "La Vérité", fait ici, CHEZ NOUS, avec Deneuve et Binoche.


Pourquoi j'ai dit ça, mais pourquoi ? En gros à partir de là c'est devenu inaudible, j'ai vaguement entendu les mots France, immigrés, charters. Et 2027 je crois mais j'en suis pas sûr, à ce moment-là ce foufou d'Éric parlait la bouche pleine. Je vous le donne en mille : notre conversation lui avait donné envie de sushis. Conversation que j'ai tranquillement interrompue, par peur de l'AVC si je lui touchais deux mots du Matteo Garrone qui avait conclu ma journée.


(Je ne résiste pas à la tentation de vous retranscrire le SMS qu'il m'a envoyé quelques minutes plus tard : Tu sais quoi ? Le livreur Uber était noir. Un noir qui livre des sushis. C'est ça NOTRE pays aujourd'hui. Jusqu'en 2027....)

takeshi29
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le 5 janv. 2024

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takeshi29

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