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Les premières scènes suivent une mère de famille veuve, élevant seule son fils, dont le comportement l'inquiète. Ce serait dû à l'attitude de son jeune professeur qui l'aurait agressé physiquement et l'aurait traité de "cerveau de porc". Mais quel salopard, ce prof... Et là, le metteur en scène Hirokazu Kore-eda semble me dire "eh, mon coco, je ne t'ai donné que quelques parcelles d'apparence, en me concentrant que sur la réalité telle que tel personnage peut la percevoir, et tu te permets d'ores et déjà d'émettre un jugement !". Les séquences suivantes accompagnent le professeur évoqué précédemment en remplissant les bouts manquants le concernant directement. Mais quel petit con, cet élève sociopathe... Le réalisateur paraît me lancer cette fois "mais, tu es toujours aussi bête !"... Ouais, on est aussi bêtes que les adultes présents dans le film face aux complexités de l'enfance.


Bref, l'ensemble ne respecte pas l'ordre chronologique, mais suit tour à tour chacun des protagonistes de notre histoire. Ce qui donne l'impression d'un puzzle en train de se constituer peu à peu, tout comme, vous l'avez compris, le cinéaste nous met face à notre fâcheuse habitude de vouloir juger, d'une façon péremptoire, des choses sans avoir toutes les connaissances nécessaires pour pouvoir formuler le moindre avis pertinent et légitime. Oui, difficile de ne pas penser à Rashōmon d'Akira Kurosawa, sauf que l'on ne connaît pas la vérité, non pas parce que tel protagoniste peut sortir sa propre version (peut-être mensongère !) d'un fait, mais parce qu'il est impossible pour tel protagoniste de pouvoir tout connaître, n'ayant pas la possibilité d'être omniscient.


Et qui est le méchant dans l'histoire ? Tout le monde serait-on tenté de répondre (eh oui, les erreurs des uns peuvent avoir des conséquences désastreuses sur les autres, poussant ces derniers à commettre d'autres erreurs !) dans un premier temps selon la logique du film avant de faire comprendre qu'en fait personne ne l'est vraiment, à l'exception d'un père indigne et d'une société façonnée de telle manière à ce qu'elle puisse pousser une institution scolaire à se comporter avec autant d'humanisme et d'empathie qu'une IA à l'égard d'une mère de famille se souciant du bien-être de sa progéniture ou à laisser tomber complètement un de ses membres, sans autre forme de procès, pour ne pas avoir d'emmerdes.


La dernière partie, s'attachant aux enfants, permet d'enfin saisir la vérité, achevant de souligner combien nous, spectateurs, tout comme les protagonistes adultes, étions totalement à côté de la plaque, alors qu'il y avait quelques petits indices disséminés par-ci par-là l'air de rien. La tempête, les torrents de pluie et la grisaille dégagent pour faire place au lumineux, pour mettre en avant que l'innocence et l'amour ont leur place dans ce monde cruel.


Si je fais abstraction de l'exception un peu tache d'une BO peu originale (un des morceaux se contentant même de recycler, avec une tonalité différence, Mission d'Ennio Morricone !) et sirupeuse du regretté Ryūichi Sakamoto (dont c'est le dernier tour de piste et à qui le film est dédié !), peu en forme (hélas pas uniquement sur le plan artistique !), ce Kore-eda parvient à émouvoir par sa justesse et sa sobriété. Il est confirmé encore une fois que le réalisateur est un des plus grands portraitistes de l'enfance.

Plume231
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le 2 janv. 2024

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