Alors qu'Hirokazu Kore-Eda avait légèrement baissé dans mon estime avec Les Bonnes Etoiles, le revoilà qui y remonte en flèche avec ce nouveau film, présenté en sélection officielle au festival de Cannes (dans le cadre duquel j'ai eu la chance de le voir). Le film en question : Monster. Un pur bijou de cinéma, qui nous rappelle, à nous simples spectateur.rice.s, notre si chère vulnérabilité.
Monster a remporté à Cannes le prix du meilleur scénario. Comment cela aurait-il pu être autrement ? L'histoire est aussi sublime que complexe. Elle est narrée avec un entremêlement d'histoires, qui envoie le spectateur dans tous les sens sans jamais le perdre, tant sa volonté de connaître le fin mot de l'histoire reste intacte. Et quelle histoire... Les personnages sont tous plus touchants les uns que les autres, le casting phénoménal de Monster s'alignant avec les talents scénaristiques du scénariste (qui n'est pas Kore-Ada, mais bien un certain Yūji Sakamoto), ici exacerbés. J'ai en particulier adoré à quel point le film joue sur les apparences, souvent trompeuses, à quel point il parvient à embarquer le spectateur sur des fausses pistes, toujours avec malice et et ingéniosité. J'ai le sentiment que dans Monster le talent du scénariste, probablement bien aidé par Kore-Ada, est surtout celui d'avoir fait ce film en se mettant à la place du spectateur, en prenant du recul sur son propre rôle de créateur, et en cherchant à percevoir le film pas seulement comme il se fait, mais également comment il sera vu. Ce talent est si rare, et il méritait d'être récompensé à sa juste valeur, tant il traduit une générosité immense et une créativité sans bornes.
Et ce scénario exceptionnel est justement sublimé par une réalisation d'une délicatesse, d'un rafinement... La photographie de Monster ne peut qu'enchanter la rétine, et vient accentuer l'amour qu'on ressent pour les protagonistes de l'histoire. Kore-Ada, avec une immense aisance, se balade entre les différents espaces géographiques du film (chambre, salle de classe, couloirs, rues, nature...), et les marie parfaitement. Les relations entre les personnages n'en deviennent que plus attachantes, plus passionnantes pour le spectateur. Alors que certains films aux thèmes analogues se cantonnent à filmer des visages et des émotions, Kore-Ada sait non seulement se rapprocher au bon moment, mais aussi faire respirer certaines scènes en découvrant des décors magnifiques, pour donner plus de profondeur à son long-métrage, tant au niveau visuel qu'au niveau émotionnel. Et dans les deux cas, c'est toujours si beau... On ressent aussi une progression de la réalisation jusqu'au climax final, qui s'aligne avec la progression de l'histoire. Plus le film avançait, plus les couleurs se faisaient vives et agréables à l'oeil, à l'image de la relation entre les deux personnages principaux. Monster respire le cinéma, il lui donne même sens, tant à tous les niveaux il excelle, tant il vient éveiller la sensibilité du plus cynique des spectateurs.
Si Senscritique dit vrai Monster sort le 27 décembre en salle de cinéma, et je choisirai la facilité pour finir cette critique, en disant que ça fera un beau cadeau de Noël. Beaucoup d'amour sur vous, prenez soin de vous, merci de m'avoir lu <3
( Je tiens un compte insta sur le cinéma, le voici, n'hésitez pas à y jeter un oeil :D )