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Je ne m’attendais pas à ce qu’un jour Louis Garrel, un des représentants les plus marqués, volontairement ou non, du cinéma bobo parisien intra-muros, en vienne à réaliser et à jouer l’un des rôles...
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le 23 oct. 2022
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9
Bien que je trouve le film assez anecdotique, je n'ai pas boudé un certain plaisir. Et cela grâce à des trouvailles malignes dans la mise en scène et le récit que cherche à raconter Louis Garrel, qui a tendance malheureusement à tomber dans des séquences un peu plus laborieuses.
Ma première surprise fut que L'Innocent est finalement très loin d'être un polar "hilarant". Le ton léger de certaines scènes de maladresse laisse facilement place à un fond très mélancolique, porté sur le deuil, la reconstruction sentimentale et familiale. Louis Garrel a l'intelligence d'utiliser un thème général et populaire (le braquage) pour mettre en scène deux générations qui vivent toutes les deux le même problème d'une différente manière : la mère qui cherche désespérement la retrouvaille d'un amour sincère, et le fils, Abel, qui se cache derrière un masque invisible par peur de s'attacher et d'aimer à nouveau suite au décès de sa femme. Dans les deux situations, il y a un vide, un creux à combler.
Tout cela est finement bien joué et interprété, le film ne tombe jamais dans le pataud et profite de sa légéreté pour nous offrir des scènes assez drôles, comme la filature minable et maladroite d'Abel sur Michel, ou encore cette absurde scène de répétition de théâtre organisée dans un hangar. Ce thème, d'ailleurs, porté sur le théâtral et le masque, les mensonges, la peur de dire la vérité, est très bien mis en scène par la séquence du restaurant, subtil travail sur les champs contre champs, la profondeur, et la lumière. Mais surtout sur le jeu des comédiens, où se joue une ambiguité très puissante. Là aussi le prétexte est très malin de la part de Garrell, car il s'agit d'installer les aveux dans une séquence où Abel et Clémence sont censés jouer la comédie : ça offre un panel d'émotions dans les visages, où l'on ne sait finalement plus si ils jouent ou si ils s'avouent réellement des choses, et tout ça sous l'oeil de ce camionneur, interprétant symboliquement le spectateur. Sans doute la meilleure scène du film. L'occasion d'ajouter que les comédiens sont tous assez convaincants et plutôt bien dirigés.
Mais je trouve que L'Innocent a parfois du mal à rendre certaines séquences efficaces, la faute à un rythme parfois pas très bien dosé, à une volonté de mettre mal à l'aise qui ne prend pas. Les 15 premières minutes sont pour moi assez laborieuses à ce niveau-là. Certaines propositions de mise en scènes s'inspirent fortement des années 70-80, ne serait-ce que par le grain de l'image, sa colorimétrie, mais aussi ses effets de zooms et ses quelques fondus au noir. Mais c'est pas tout le temps très maitrisé, on sent que Garrel a parfois envie d'insuffler si fort ces références à son film que ça devient parfois un peu mou. La musique est d'ailleurs assez actrice aussi de ces références, mais plombent pour moi certaines séquences censées être sous tension.
Du coup le film ne m'a jamais vraiment transporté à cause de son déséquilibre à ce niveau là. Le reste du braquage reste pour moi assez plat. Le rythme manque un peu, et l'action ne prend jamais vraiment. C'est dommage car le film a vraiment plein de qualités, et encore une fois j'apprécie l'idée du braquage pour livrer un sous texte plus personnel et familial. Mais la volonté d'ancrer ce passage dans l'histoire finit par desservir un peu tout le reste qui est assez bien trouvé. Reste que L'Innocent surprend parfois par ces éléments de maitrise, mais peine à être marquant dans son style à cause de plusieurs séquences laborieuses, et d'un rythme très irrégulier, rendant le tout assez mollasson.
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Créée
le 17 oct. 2022
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