Je ne m’attendais pas à ce qu’un jour Louis Garrel, un des représentants les plus marqués, volontairement ou non, du cinéma bobo parisien intra-muros, en vienne à réaliser et à jouer l’un des rôles principaux d’une comédie de braquage familiale, se déroulant qui plus est entièrement en Province (bon Lyon, ce n’est pas non plus un village paumé de la Lozère, mais quand même… !), ne demandant qu’à être accessible au plus grand nombre. S’il voulait surprendre, il ne pouvait pas mieux réussir. Réussir dans tous les aspects, c’est-à-dire à casser son image ainsi qu’à donner un résultat très bon et efficace.


Bon, allez, je vais juste balancer en spoiler deux invraisemblances et, après, on passe aux compliments, on est d’accord ?


Utiliser son portable, lors d’un acte illégal, est le meilleur moyen de se faire tracer lors d’une enquête. Et surtout, primo, on ne peut pas faire passer, auprès de professionnels de santé, une blessure par balle pour un malheureux coup de tournevis accidentel, secundo, une blessure de ce type est immédiatement signalée à la police. Donc, le personnage de Roschdy Zem, normalement, dans un monde un minimum crédible, en particulier avec son casier judiciaire aussi chargé qu’un peloton du Tour de France, se ferait griller à la vitesse de la lumière (sans parler que son beau-fils finit entre les mains des autorités, en conséquence, le rapprochement serait très rapide !).


Bon, c’est fini pour les invraisemblances.


Autrement, le scénario est assez intelligemment écrit, notamment en ce qui concerne la caractérisation des protagonistes. Il y a un petit fond pas inintéressant exposé dès la séquence en trompe-l'œil de l’introduction, comme si elle était une clé à utiliser pour la suite, à savoir que c’est en voulant faire semblant, en voulant tromper que la vérité se révèle et que chacun est obligé d'ôter son masque. Je n’en dis pas plus sur ce sujet, autant garder le plaisir de la découverte et de l’analyse pour le visionnage.


Pour en revenir aux personnages, bien creusés, la dynamique entre ces derniers fonctionne à mort, aussi bien grâce à l’interprétation qu’à l’écriture. L’un qui ne peut pas s’empêcher de replonger à chaque fois, malgré les années de détention. Il n’est pas inattendu que le toujours impeccable et charismatique Roschdy Zem soit comme un poisson dans l’eau dans ce rôle. Anouk Grinberg, en mère ayant une attirance inquiétante pour les taulards (j’ai lu qu’il y avait une part autobiographique venant du réalisateur-acteur-scénariste !), apporte son grain de folie. Louis Garrel, en être timoré, incapable à se laisser aller à la force de l’existence (car fracassé par une tragédie !), peut se montrer aussi bien touchant que drôle (oui, je ne pensais pas que j’aurais accolé un jour l'adjectif “drôle” à Louis Garrel, c’est bien de sortir de ses a priori !).


Reste que celle que j’ai le plus kiffée, c’est Noémie Merlant. Elle est, dans ce film, pétillante, énergique, délicieuse, intrépide, futée, adorablement chiante (non, je ne suis pas amoureux !), parvenant à naviguer à travers des émotions opposées avec maestria, parfois au sein d’une même scène. Rien que la manière dont la caméra la présente lors de sa première apparition… ouah, je la demande direct en mariage (non, je ne suis pas amoureux, je ne vais pas vous le répéter trois cents fois !).


La maîtrise du rythme ajoute au fait que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde. C’est du divertissement agréable, sachant combler celles et ceux qui veulent bien se marrer devant une comédie, mais non dénué de profondeur. Ce n’est pas rien. Ah ouais, pour conclure, Louis Garrel a une bonne playlist (Une autre histoire de Gérard Blanc, qui tourne en boucle sans arrêt dans mon crâne, merci Louis, Nuit magique de Catherine Lara ou même un peu d’Antonio Vivaldi avec Propter Magnam Gloriam entre autres !). Allez, faites-vous plaisir…

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le 23 oct. 2022

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Plume231

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