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L'avantage d'utiliser la nostalgie comme matrice formelle d'un film est que cela permet aux cinéastes de proposer un certain confort spectatoriel par le fait d'être en terrain-connu. Bien que cela puisse s'apparenter bien souvent à du fétichisme de l'image, il est possible d'y déceler une volonté évidente et bien sympathique de s'amuser à mettre en valeur ce côté "old school", et sur ce point, le nouveau film de Louis Garrel n'y manque pas. Avec son allure vintage par son imparfaite image, sa saturation colorimétrique prononcée, ses personnages basculant entre caractérisation burlesque et film de gangster et son jeu de cinéma dans le cinéma, c'est indéniable, c'est grotesque mais sympathique.


Mais dans le cas de L'Innocent, le regret se place justement dans le fait que ces caractéristiques "old school" ne parviennent jamais à dépasser ce stade du sympathique, alors le film est une porte ouverte à l'excès et donc au potentiel intéressant et amusant du décalage entre passé et présent. Malgré la grande diversité des situations et son rythme effréné, le récit n'est finalement que trop bancal où même son sujet principal qu'est la résistance morale face aux chocs traumatiques de l'amour ne peut être pris au sérieux car bien trop dissimulé derrière un certain fantasme régressif d'une mise en scène de polar familial.


En résulte donc que dans son mélange des genres, le film semble confus et se retrouve dans la situation inconfortable de chercher constamment sur quel pied danser ;

  • La gravité est souvent mise de côté car tout semble apparaître comme un jeu.
  • L'insuffisance d'une justesse dans le dosage humoristique fait sans-cesse basculer le film entre la gêne et la bêtise.

Par le fait de n'être ni suffisamment risible dans ses moments de lâcher-prise, ni suffisamment grave pour mesurer la portée dramatique des événements, les personnages apparaissent comme des pantins explorant de manière simpliste la confrontation entre deux mondes radicalement différents (la prison et la vie quotidienne). Ce qui est d'autant plus problématique car ces derniers sont censés être abîmés par la vie, et pourtant, une certaine honnêteté est difficilement trouvable.


Malgré son ensemble plaisant, ce que propose L'Innocent est assez frustrant. Dans son envie de se prendre trop et pas assez au sérieux simultanément, Garrel passe surtout à côté d'un mélange intéressant d'enchaîner avec plaisir ses situations comiques et d'impliquer émotionnellement le spectateur dans l'intimité de ses personnages.

Luca-hiersDuCinema
6

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Créée

le 12 avr. 2023

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