Les débats avec les réalisateurs sont trop souvent décevants pour que je ne signale pas ici à quel point cette avant-première fut un vrai moment de bonheur.
Réservé sur le politique Mélenchon, l'homme par contre me passionne, son caractère, sa culture, son humour, ses failles, je me suis rendu à cette projection avec la volonté de découvrir un peu plus le personnage mais avant tout un film de cinéma, le documentaire étant un genre qui me passionne depuis très longtemps.
A la sortie, déception sur les deux points : je n'ai rien appris sur L'Insoumis, et le cinéma est pour ainsi dire absent de ces 95 minutes, le procédé de filmage (Gilles Perret a tout fait seul, pas de cadreur, de preneur de son...) permettant certes une proximité avec le protagoniste principal mais contraignant malheureusement à un rendu esthétique assez rudimentaire.
Et pourtant j'ai passé une formidable soirée. Tout d'abord parce que le film est plus qu'agréable à voir, selon ses inclinations politiques, on sera tour à tour amusé, énervé, parfois même passionné par ce moment réellement enthousiasmant de vie démocratique.
Les à-côtés, car une projection en salle a cela de particulier qu'elle ne vous place pas dans le confort de le chose attendue, ont quant à eux plus que répondu à mes attentes : public très très vivant avant, pendant et après, même si l'aspect sectaire (non ce n'est pas qu'une légende) des partisans du bonhomme peut effrayer, échanges enflammés qui rappellent à quel point il est primordial de se confronter en permanence aux idées de l'autre, surtout quand on aborde des point de discorde.
Cette soirée était agréable peut-être et surtout car chacun était libre, libre de s'exprimer sur tout, d'adouber, de critiquer, et même de poser les questions qui fâchent. A ce niveau, Gilles Perret est un exemple que bien des artistes devraient suivre. La preuve : j'ai gentiment laissé passer la litanie de compliments habituelle avant de poser la question qui m'a travaillé durant toute la projection, " D'où parlez-vous Monsieur Perret, et surtout avez-vous parlé du même endroit au début du tournage et à la fin ? ". Question essentielle selon moi, en art comme dans la vie en général, de qui viennent les mots que j'écoute, les images que je regarde ? Et le monsieur ne s'est en rien caché derrière son petit doigt, admettant même à la fin de l'échange que mon point de vue, soit que ce film est au fur et à mesure de son déroulé de plus en plus un film de militant et par la même de moins en moins celui d'un cinéaste, n'était peut-être pas si faux.
Pour finir, je tenais absolument à aborder un point primordial : ce film n'existe que grâce aux pré-ventes du DVD, de très nombreux directeurs de cinéma, programmateurs, comités associatifs refusent de diffuser ce film, uniquement par idéologie. Les mêmes qui vantent en permanence la diversité, la liberté d'expression font donc obstacle à un produit culturel uniquement parce qu'il les dérange, parce que le sujet n'est pas en accord avec leur façon de penser. Juste effarant, et surtout effrayant.